vendredi 30 septembre 2011

L'Europe high-tech bouge encore

30/09 | 07:00 | Philippe Escande

PAR PHILIPPE ESCANDE

Ecrit par
Philippe ESCANDE
Philippe ESCANDE
Editorialiste

C'est entendu, l'Europe n'a plus la pêche. Le souffle coupé par la crise grecque, les muscles détruits par le virus des déficits, le Vieux Continent a le moral dans les chaussettes. Sa capacité de rebond est d'autant plus réduite qu'elle ne peut même pas se prévaloir comme sa cousine américaine d'écrire l'avenir par sa position dominante dans la haute technologie et les logiciels. Apple, Google et Amazon dessinent chaque jour le monde de demain sans nous. D'ailleurs, notre dernier motif de fierté dans ce secteur, Nokia, n'en finit pas de saigner et enchaîne les suppressions de postes et les fermetures d'usines.

Dans ce paysage d'apocalypse, il faut donc prêter une attention soutenue à ce qui se passe de l'autre coté de la Manche. Accusé, souvent à tort, d'avoir sacrifié son industrie, le Royaume-Uni nous offre un petit rayon de soleil au nom mystérieux : ARM. Cette PME totalement inconnue du grand public a réalisé le tour de force de battre sur son terrain l'une des plus puissantes sociétés mondiales, l'américaine Intel. Grâce à sa domination sans partage sur le marché des puces pour micro-ordinateurs, Intel s'est bâti une citadelle imprenable. Chaque année, la firme dépense près de 15 milliards de dollars dans la recherche, ce qu'aucune autre compagnie au monde ne peut faire.

Et pourtant ARM, avec ses 2.000 personnes, a réussi ce qu'aucun américain, japonais ou chinois n'a réussi en vingt ans : terrasser le dragon Intel. Le petit britannique détient un quasi-monopole sur les puces pour les « smartphones » et les tablettes, les deux secteurs les plus prometteurs des technologies de l'information. Et le britannique vient même de signer avec Microsoft pour équiper des PC. Comment ? En proposant le dessin de l'architecture de ses puces à tous les concurrents d'Intel et en se rémunérant sur les ventes. Pas d'usines.

L'Europe bouge donc encore, et ARM n'est pas le seul exemple. En France, en Allemagne ou en Italie, on travaille aussi sur le monde de demain. Mais cela demande un effort terrible, celui de l'audace et de l'imagination. Le modèle inventé par ARM révulserait tous nos grands prêtres en politique industrielle. Il montre pourtant la voie du redressement.

http://www.lesechos.fr/opinions/edito/0201669273105-l-europe-high-tech-bouge-encore-226662.php?xtor=EPR-1500-[idees_debats]-20110930-[s=461370_n=9_c=901_]-409905656@1

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