dimanche 17 juin 2012

Smart, le moteur de recherche qui interroge des capteurs en ville

A lire sur:  http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/technologie-1/d/smart-le-moteur-de-recherche-qui-interroge-des-capteurs-en-ville_39404/#xtor=EPR-17-[QUOTIDIENNE]-20120617-[ACTU-smart__le_moteur_de_recherche_qui_interroge_des_capteurs_en_ville]

Par Marc Zaffagni, Futura-Sciences
 
Smart est un projet européen qui repose sur un moteur de recherche open source. Il a pour ambition d’apporter des réponses très élaborées en interrogeant en temps réel des capteurs physiques comme les caméras de surveillance et les microphones disséminés dans les villes. Il pourrait notamment servir comme outil de surveillance. Des chercheurs écossais qui travaillent sur Smart ont répondu aux questions de Futura-Sciences.
Des scientifiques de l’university of Glasgow sont en train de développer un moteur de recherche capable de créer un lien avec le monde réel en allant chercher des informations provenant de capteurs physiques tels que des caméras ou des microphones installés dans les villes.
En croisant ces informations en temps réel avec des données issues de réseaux sociaux, l’objectif est de pouvoir traiter des requêtes très précises auxquelles un moteur de recherche classique ne sait pas répondre. Exemples : « Quel est l’état du trafic routier dans telle partie de la ville ? » ou encore lors d’un fait d’actualité comme une manifestation « Que se passe-t-il à tel endroit ? », « Où se trouve le rassemblement ? ». Ce projet porte le nom de Smart pour Search engine for MultimediA Environment geneRated content. Piloté par l’university of Glasgow, il est en partie financé par l’Union européenne et codéveloppé avec 8 autres intervenants qui sont Atos, l’Institut de technologie d’Athènes, le centre de recherche IBM à Haifa, l’Imperial College de Londres, Prisa Digital, Telesto, Consorzio S3 Log et la ville espagnole de Santander où se dérouleront les premiers essais à partir de 2014. « Le projet Smart recouvre une architecture en couches dans laquelle divers nœuds sont connectés à des capteurs. Chaque nœud déploie des algorithmes qui vont extraire les informations provenant de ces capteurs » a expliqué Iadh Ounis (university of Glasgow) à Futura-Sciences.
Smart : un environnement open source
L’architecture de Smart se compose de 3 couches : les nœuds, le moteur de recherche et la présentation des résultats.
Les nœuds font l’interface avec les capteurs physiques et des réseaux sociaux (Facebook, Twitter) puis traitent les informations à l’aide d’algorithmes. Dans le cas d’une source vidéo, Smart utilise la détection de mouvement avec suivi des visages et des personnes afin d’analyser une scène. Pour une source audio, l’algorithme peut recourir à la reconnaissance vocale. Ces metadatas sont ensuite fusionnées sous forme de fichiers (XML notamment) que le moteur de recherche pourra indexer.
Le moteur de recherche sur lequel repose le système se nomme Terrier. C’est un moteur open source, développé depuis 2004 par l’university of Glasgow.
La troisième couche concerne la présentation du résultat. Elle est générée par l’environnement d’exécution de Smart sous forme de mashup, une combinaison de plusieurs sources d’information qui est produite à partir de standards Web 2.0 et 3.0 qui permettent de les intégrer dans des publications en ligne, qu’il s’agisse de sites, de blogs ou de portails d’information.

Cette vidéo de démonstration montre le principe de fonctionnement du système de suivi des visages qui est intégré à l’un des algorithmes qu’utilise Smart pour traiter un signal vidéo. © Smart/YouTube
Informer mais aussi surveiller : le nouveau Big Brother ?
Les caméras et les microphones ne sont pas les seules sources possibles. On trouve souvent dans les villes beaucoup de capteurs météo (température, humidité), de monoxyde de carbone pour mesurer la pollution ou encore de luminosité. « En se servant de tels capteurs, Smart peut répondre à des questions telles que "Dans quel endroit de la ville la qualité de l’air est-elle mauvaise aujourd’hui ?" », poursuit Iadh Ounis. Comme évoqué en préambule, Smart peut aussi utiliser les réseaux sociaux comme des capteurs virtuels qui pourront servir à filtrer les résultats par sexe ou à analyser des sentiments ou tendances via les flux récoltés sur des services comme Twitter et Facebook.
Dans les cas d'usages envisagés pour Smart, on cite en exemple des agences de presse qui pourraient suivre des événements en temps réel (manifestations, émeutes) ou des particuliers qui pourraient créer des portails d’information personnalisés. Un autre exemple qui s’impose assez logiquement est celui de la sécurité et de la surveillance. Si les caméras de vidéosurveillance fleurissent dans la plupart des grandes et moyennes agglomérations, gérer ce flux de données reste compliqué. Avec Smart, il serait possible de définir des requêtes ciblées pour détecter des comportements, des scènes, la présence d’objets abandonnés, des allées et venues d’une personne ou d’un groupe dans un lieu donné.
Un Big Brother de plus en somme ? « En général, la confidentialité relève de la responsabilité de ceux qui déploient les capteurs. En particulier dans l’Union européenne, ils doivent obtenir l’aval des autorités de protection des données », nous explique John Soldatos de l’Institut de technologie d’Athènes qui ajoute tout de même que « Smart est en train d’évaluer les implications légales et de confidentialité de sa technologie avec les autorités espagnoles et grecques afin de proposer un guide des bonnes pratiques aux fournisseurs tiers souhaitant déployer un réseau de capteurs ». Pour le moment, c’est dans la ville de Santander qu’auront lieu les premiers essais de Smart. Et afin d’assurer l’évolutivité de son système, les principaux composants logiciels de Smart sont open source. « Le projet compte ajouter de nouveaux capteurs (physiques et virtuels) grâce à la contribution de la communauté open source. Smart va explorer le paradigme du crowd-sourcing plutôt que de s’appuyer sur la participation formelle de villes intelligentes », conclut John Soldatos. Il y a là tout de même quelque paradoxe à vouloir d’un côté créer un outil ouvert et grand public tout en en faisant un instrument de surveillance potentiellement redoutable... Ces deux approches pourront-elles cohabiter longtemps ? Rendez-vous donc en 2014 pour les premiers essais.

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