lundi 21 janvier 2013

Plus de sciences sans informatique

A lire sur:  http://www.lesechos.fr/opinions/chroniques/0202509649470-plus-de-sciences-sans-informatique-530335.php
 
Chroniques
Par Gerard Berry | 21/01 | 07:00 | mis à jour à 08:23 | 
Toutes les sciences s'informatisent à marche forcée, avec de forts impacts dans les labos publics et industriels. Ce mouvement a été initié par la physique et l'astronomie, traditionnelles consommatrices de calcul et créatrices d'instruments numériques, et par la météorologie. Il a ensuite gagné les sciences naturelles, autrefois peu mathématisées : la géologie, pour le sous-sol, la climatologie, pour l'atmosphère et les océans, puis la biologie et la médecine. Les images sont reconstruites et analysées automatiquement, en imagerie médicale comme en agronomie avec la télédétection par satellite. Les instruments physico-numériques ou bio-numériques comme les accélérateurs de particules, les IRM ou les séquenceurs ADN produisent un flot gigantesque de données, aux frontières des possibilités de stockage et de calcul. La simulation fine de phénomènes complexes se généralise : turbulence, combustion, fatigue et rupture de matériaux, croissance des plantes, dynamique de nos organes ou de la biochimie cellulaire, etc. Et, bien sûr, Internet est devenu l'outil de base pour l'échange d'informations et la publication. Souvent, il s'agit de résoudre les équations fournies par les mathématiques appliquées, ce que seule l'informatique peut faire. Leur complexité implique de plus en plus des recherches de pointe combinant analyse numérique, imagerie et géométrie algorithmique, par exemple pour fusionner différentes imageries du cerveau (scanner, IRM...) en tirant parti de leurs caractéristiques complémentaires. Mais l'algorithmique moderne fournit aussi de nouveaux outils de modélisation directe non fondés sur les équations, comme pour modéliser le vol coordonné de compagnies d'oiseaux.
Partout, le jeu ne se limitera plus au simple calcul numérique sous-traité à des ingénieurs informaticiens. Pour être efficaces, les scientifiques du futur devront dès le début intégrer les concepts et les façons de faire de l'informatique moderne. Devrai-je préciser que cela ne pourra se faire que par une formation réelle, qui est hélas loin d'être en place ?
GÉRARD BERRY
Gérard Berry, informaticien, est professeur au Collège de France

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