mercredi 13 février 2013

Les sociétés IT indiennes poursuivent leur conquête de l'Europe

A lire sur:  http://www.itchannel.info/articles/138628/societes-it-indiennes-poursuivent-conquete-europe.html
 
Lundi 11 Février 2013
Cinq ans après leur départ à leur conquête du marché européen, les efforts des sociétés informatiques indiennes commencent à porter leurs fruits. Il leur reste toutefois une longue route à parcourir. La société de conseil et d'études de marché PAC dresse aujourd'hui le bilan de cette offensive sur le vieux continent.

A l'aube de 2013, les sociétés informatiques indiennes peuvent sans doute se féliciter de l'année 2012 écoulée, tout au moins pour ce qui est des marchés européens. Pour Tata Consultancy Services, leader du marché, le troisième trimestre s'est achevé avec les honneurs, et le quatrième trimestre n'a pas échappé à la tendance. Même Infosys, qui a enregistré de mauvais résultats, a surpris les analystes avec sa bonne performance de décembre. La société HCL Technologies quant à elle s'est révélée avec des résultats étonnamment bons tout au long de l'année, faisant ainsi d'elle une concurrente de taille pour la 3ème et la 4ème place du marché informatique avec des places qui sont actuellement occupées respectivement par Infosys et Wipro, juste derrière TCS et Cognizant Technologies.

« Les résultats de toutes les sociétés ont été marqués par l'Europe en tant que marché phare de l'année 2012 et, contrairement aux prévisions de 2011, la crise économique dans la zone euro ne s'est pas traduite en disette commerciale pour les acteurs indiens. Au contraire, elle s'est révélée être un facteur positif. Même des marchés traditionnellement hostiles à l'offshore, comme la France ou l'Allemagne, montrent des signes d'ouverture à l'Inde - pour contrôler leurs coûts et gagner en flexibilité au vu de la volatilité croissante des marchés de la zone euro et d'ailleurs », constate Christine Nayagam, consultante senior spécialisée en stratégie des sociétés IT indiennes chez PAC.

Sans surprise, au dernier trimestre 2012, les sociétés IT indiennes se sont bousculées en Europe continentale, et notamment dans la zone DACH, note la société de conseil. C'est Infosys, la 3ème société informatique la plus importante d'Inde, qui a lancé les hostilités en rachetant Lodestone pour 350 millions de dollars après avoir connu une période difficile depuis 2010. Lodestone rapporte plus de 200 clients toutes industries confondues, à la clientèle d'Infosys qui rassemble plus de 700 clients. Après le rachat, l'activité de conseil combinée mettant l'accent sur les programmes SAP devrait dégager plus d'un milliard de dollars de bénéfices, positionnant ainsi Infosys à une place solide parmi les leaders mondiaux en conseil SAP. Cognizant, la deuxième société la plus importante d'Inde, a également annoncé avoir racheté six sociétés de conseil et services informatiques appartenant au groupe C1, dont le siège est à Hambourg, axées sur l'industrie manufacturière et la logistique, l'énergie et les services publics ainsi que les services financiers. Ce rachat consolide la présence de Cognizant en Europe et lui donne une meilleure visibilité en Allemagne et en Suisse.


Saisir les opportunités européennes

La tendance européenne à accepter l'offshore doit s'accentuer et se généraliser en 2013. En effet, selon les prévisions, cette année doit être la pire période pour la zone euro depuis le début de la crise en 2008, ce qui poussera les entreprises de toute la zone à prendre des mesures plus drastiques pour sortir la tête de l'eau. La plupart des sociétés informatiques indiennes ont compris cette réalité et tentent de mettre en place des stratégies et de trouver des idées pour saisir les opportunités qu'offre ce nouveau créneau qui promet de consolider leur position, même si l'économie américaine commence à reprendre des forces.



Parmi les trois marchés européens principaux, à savoir l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni, ce sont les deux premiers qui leur offrent les meilleures opportunités de croissance, estime PAC. Le Royaume-Uni contribue déjà largement au total des bénéfices engrangés par la plupart des sociétés informatiques indiennes. Il faut souligner que les sociétés indiennes continuent de conclure des marchés relativement importants dans le secteur privé mais aussi dans le secteur public. Parmi eux, citons le contrat de plusieurs années que TCS a conclu avec le Ministère de l'intérieur du Royaume-Uni pour gérer les besoins technologiques de son nouveau service « Disclosure and Barring Service » (DBS). Ce contrat, conclu pour une durée initiale de cinq ans, vaut près de 230 millions de dollars, ce qui pourrait faire de lui l'un des plus gros contrats que la société ait signé en Europe ces dernières années. D'autres sociétés de différentes tailles ont aussi affirmé avoir signé des contrats sur ce marché.

Attirées par ces marchés depuis plus de trente ans maintenant, les sociétés informatiques indiennes se sont trop concentrées sur les marchés américain et britannique, et cela au détriment d'autres marchés tout aussi prometteurs de l'Union européenne, comme l'Allemagne et la France. Les investissements réalisés et l'intérêt porté par les sociétés indiennes au Royaume-Uni sont largement supérieurs à ceux qui ont été réalisés dans les autres économies principales de l'UE et à l'intérêt qui a été porté à ces économies.


A l'assaut de la France et de la zone DACH ?

La crise économique ayant frappé le monde, la croissance du secteur informatique indien a été freinée par son excès de dépendance vis-à-vis des deux marchés principaux. Aujourd'hui, les opportunités de croissance des fournisseurs de services informatiques indiens sur le marché britannique semblent plutôt limitées du seul point de vue de la pénétration sur le marché et des niveaux de saturation pour les sociétés indiennes. En outre, l'économie britannique s'attend à une nouvelle année difficile et le gouvernement de coalition conservateur a fait grand bruit autour de la protection de l'emploi au Royaume-Uni en s'attaquant à l'immigration, et évoquant même des visas de travail de courte durée. De ce fait, les acteurs indiens luttent pour maintenir leur part de marché provenant du Royaume-Uni dans leurs bénéfices totaux de 2013.

Ces cinq dernières années, les sociétés informatiques indiennes ont commencé à s'intéresser davantage aux opportunités qu'offrent la France et l'Allemagne, surtout pour pallier leur excès de dépendance vis-à-vis des marchés américain et britannique. Aussi la part des bénéfices provenant du Royaume-Uni dans le total des bénéfices européens a-t-il diminué depuis 2010 tandis que la part de l'Europe continentale a augmenté.

Même si le Royaume-Uni reste la source de revenus principale des sociétés informatiques indiennes puisqu'il représente plus de 50% des revenus européens, PAC estime qu'à l'avenir, les véritables opportunités de croissance pour les sociétés indiennes se trouvent en France et en Allemagne. Tandis que l'Allemagne se transforme d'ores et déjà en un marché de taille, plusieurs sociétés indiennes dégageant près de 5 à 6 % de leurs bénéfices totaux de la plus grande économie de l'UE, la France se situe encore loin derrière et ne représente que 0,5 à 0,75 % des bénéfices totaux de ces sociétés indiennes, qui doivent donc pouvoir multiplier les bénéfices actuels de la France et de l'Allemagne. « Ce qu'il faut pour ces deux pays, c'est une meilleure stratégie combinée à des investissements adéquats et aux bons talents locaux capables de faire véritablement basculer le marché en faveur des sociétés indiennes. Les rachats par Cognizant, Infosys etc. parlent clairement en faveur de cette tendance dans la mesure où ils ont permis à ces sociétés de gagner immédiatement un peu de ces trois éléments qui manquent actuellement à leur portefeuille », ajoute Christine Nayagam.

Parmi les principaux secteurs dans lesquels les acteurs indiens excellent, citons l'industrie manufacturière (le secteur vertical le plus fort pour Wipro et Infosys) et les services financiers (HCL). Comparé à la taille du marché, toutes les sociétés informatiques indiennes sont bien positionnées dans les télécommunications et le commerce de détail.

Pour progresser en France et en Allemagne, les rachats restent un bon moyen de gagner du terrain et des parts de marché dans la zone euro, et c'est ce que les sociétés indiennes s'emploient à faire, doucement mais sûrement. " La saison des rachats commence pour le secteur informatique indien : gageons que l'année 2013 sera également l'année des signatures de contrats ", conclut PAC.

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