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Par Les Echos | 14/05 | 07:00
Par Les Echos | 14/05 | 07:00
Le nombre de points de vente d'occasion a doublé en trois ans, gagnant des clients plus variés.
Une tendance qui surfe moins sur la crise que sur le rejet d'une hyperconsommation.
Conjuguant
le terme « cash » sous toutes ses formes, les enseignes d'achat-vente
ont le vent en poupe. Si le concept s'est développé depuis une bonne
dizaine d'années en France sous forme de chaînes de magasins franchisés,
il connaît un véritable succès depuis trois ans avec une multiplication
par deux du nombre de points de vente, qui frise désormais les
400 unités, note une récente étude du cabinet Xerfi. Cash Express, l'un
des leaders du marché, a inauguré son centième magasin et Cash
Converters devrait suivre bientôt. Quant aux autres enseignes Easy Cash,
Happy Cash ou encore Cash Planet, elles sont en embuscade. Le monde de
l'occasion vit une embellie et le marché a été estimé à 5,5 milliards
d'euros en 2012 (0,5 % de la consommation totale des ménages) par les
experts du cabinet Xerfi-Precepta. « Et son dynamisme se confirmera au moins jusqu'en 2015 avec une croissance annuelle moyenne de 6,5 % par an en valeur »,
estime l'étude. Si Internet pèse environ un tiers du marché
de l'occasion selon les estimations de Xerfi, ces enseignes ont réussi à
en accaparer presque 10 %. Et la crise n'est pas le seul motif de leur
succès.
Jadis vu comme dévalorisant, l'achat de produits d'occasion est en effet vécu de façon positive. « Un changement
qui s'inscrit dans l'épuisement et le rejet du modèle de
l'hyperconsommation et l'avènement d'une économie des fonctionnalités »,
note Delphine David, l'auteur de l'étude. D'autant que certaines
enseignes, comme Easy Cash, font de gros efforts de présentation,
imitant les magasins vendant du neuf, ou proposent une extension de la
garantie du produit.
Et toutes ces chaînes d'attaquer désormais les centres-villes. « Nous ne faisons que suivre l'évolution du commerce et des grandes enseignes de la distribution qui reviennent en centre-ville »,
insiste Roger Beille, fondateur de Cash Express, qui a développé un
concept de magasin « compact » de 70 mètres carrés, contre 350 m 2 pour un lieu de vente classique. La concurrence faisant le même calcul : augmenter le chiffre d'affaires grâce à une clientèle à plus fort pouvoir d'achat. « Il s'agit de toucher une clientèle de passage qui ne serait pas venue spontanément »,
explique Jerôme Taufflieb, cofondateur d'Easy Cash, une enseigne dont
le siège est à Bordeaux et qui regroupe 87 magasins pour un chiffre
d'affaires global qui vient de dépasser les 100 millions d'euros. Trois
quarts des quinze magasins ouverts cette année le seront en
centre-ville. Avec, comme la plupart des autres enseignes, des ventes
organisées autour de trois familles de produits : les produits de luxe
(maroquinerie, stylos, briquets, montres…), la téléphonie,
l'informatique, l'audiovisuel et enfin les produits culturels (livres,
DVD, jeux vidéo).
Troc.com et la Trocante en tête du marché de l'occasion
Le
mobilier a en revanche disparu et, d'ailleurs, provoqué le recul du
concept de dépôt-vente. Troc.com et la Trocante, les deux enseignes
spécialisées qui ont changé de mains fin 2011, ont d'ailleurs fermé
beaucoup de magasins et n'en détiennent plus que 130. Avec un chiffre
d'affaires total d'environ 120 millions d'euros qui place tout de même
le réseau en tête du marché de l'occasion. Depuis dix-huit mois, les
deux enseignes ont adapté leur stratégie en prenant le virage de
l'achat-vente. « Pour un quart des transactions nous remettons directement le cash au vendeur », assure Dominique Munier, directeur général de Troc Europe.
Quant à la crise, si elle contribue à attirer la clientèle, elle pose aussi des problèmes à ces enseignes. « Nos
magasins doivent être alimentés en stocks par des clients qui achètent
ensuite des produits neufs. Avec la crise, les achats sont reportés.
D'ailleurs, l'essentiel de notre communication s'adresse aux vendeurs »,
insiste Jérôme Taufflieb. Autre souci, le recrutement de nouveaux
adhérents pour des enseignes qui cherchent toutes à mailler le
territoire. A l'image de Cash Express qui veut s'implanter en
Rhône-Alpes. « Les propriétaires d'un magasin hésitent à en ouvrir
un second. En revanche, nous voyons arriver une autre population. Des
cadres de plus de 40 ans ayant subi des plans sociaux et ayant envie de
créer une entreprise », explique Roger Beille.
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