mardi 9 juillet 2013

Linkedin serait-il le Google du monde professionnel ?

A lire sur:  http://www.usine-digitale.fr/article/linkedin-serait-il-le-google-du-monde-professionnel.N200667#xtor=EREC-1

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Linkedin serait-il le Google du monde professionnel ? © Flickr CC - Nan Palmero
L’agence faberNovel publie ce mardi 2 juillet une étude fouillée du modèle Linkedin. Bien au-delà du réseau social professionnel, ce nouveau géant du numérique veut devenir le graphe de l’économie mondiale.
Quand on pense aux géants du numérique, on pense Google, Apple, Facebook et Amazon. Au point que ces quatre-là ont désormais un petit surnom, les GAFA. Mais ce quatuor pourrait bien se transformer en club des cinq, avec un L en suffixe. Un L comme Linkedin. Si l’on en croit l’agence spécialisée en innovation faberNovel, habituée à décrypter les modèles économiques des Facebook, Amazon et autres Apple, le petit réseau social qui reliait les professionnels entre eux est déjà devenu un géant. Avec 225 millions de membres, et deux nouveaux inscrits chaque seconde. Pourtant, ce n’est qu’un début. Dans son étude dévoilée ce 2 juillet 2013, qui passe le Californien d’aujourd’hui et de demain au crible, faberNovel explique que Linkedin sera bel et bien l’outil de transformation de l’ancienne économie en une nouvelle.
Le graphe, of course
La force historique de Linkedin, c’est son graphe. Cette toile vivante qui relie les membres entre eux, employés, recruteurs, entreprises, etc. Comme pour Facebook, Amazon mais aussi Google, c’est le cœur du business model. Celui qui alimente le système en données brutes et croisées, et qui exploite le principe des "affinités" entre membres pour proposer postes, informations ou publicités ciblés. Avec une différence notable par rapport aux autres médias sociaux : ici, tout le monde s’inscrit avec son identité réelle, car tout le monde y a intérêt. Graphe et big data sont les deux clés du système. Ils alimentent les trois moteurs Linkedin, comme l’explique faberNovel : le recrutement, le développement de business et le partage de contenu. "La singularité de Linkedin, c’est d’appliquer le big data au recrutement," insiste Caroline Pandraud, lead project analyst chez faberNovel. Derrière, trois algorithmes activent le moteur de recherche dans la base, le moteur du graphe et le moteur de recommandation.
Les Linkedin news
Comme le rappelle faberNovel, Linkedin tire son chiffre d’affaires à 57 % de ses services destinés aux recruteurs ("talent solutions"), à 27 % de la publicité, et à 20 % de ses membres premium. Mais depuis 2011, le Californien a pris un virage serré. Il a décidé de passer la vitesse supérieure et de ne plus se contenter d’être une banque de CV, aussi intelligente soit-elle. Comme le répète à l’envi son patron Jeff Weiner, Linkedin veut devenir le graphe qui cartographie l’économie mondiale. Les ambitions à l’américaine ont pris une toute nouvelle dimension avec les grands du numérique… Linkedin leur emboîte le pas aussi sur ce plan-là.
Depuis quelques mois, Linkedin se transforme et affiche donc de nouveaux services. Le plus en vue, ce sont les news, apparues en début d’année. Des informations uniquement orientées vers le monde professionnel et personnalisées pour le membre connecté. Elles pourraient aussi faire de Linkedin un média professionnel privilégié. De quoi concurrencer les Google News, les Yahoo! News mais aussi Flipboard. Il est même déjà possible de s’inscrire à des chaînes thématiques. Et Linkedin a donné un petit "plus" à ses news. Ce sont des "influenceurs", des personnalités influentes du monde économique comme Richard Branson ou même Jack Welch dont on peut suivre les publications, exclusivement dans le réseau. Un service au succès fulgurant, car si l’on en croit certains observateurs de la Silicon Valley, les patrons se battent désormais pour y figurer…
Une plate-forme réécrite de toutes pièces
Dans son étude, faberNovel liste les différentes étapes de ce coup d’accélérateur donné par Linkedin il y a deux ans. Pour commencer, le Californien affiche aujourd’hui un impressionnant ratio R&D sur chiffre d’affaires de 25 %. Un taux qui s’explique entre autres par le lancement, en 2011, d’un projet ambitieux, appelé Inversion. Objectif : redévelopper complètement le code de base du système pour qu’il tienne la charge des futures ambitions du réseau. Rien de moins. "Ils ont voulu se donner des moyens d’accélérer leur progression, raconte Caroline Pandraud. Alors ils ont tout défait et reconstruit pour que l’ensemble devienne une plateforme." Et que d’autres éditeurs ou développeurs puissent développer des plug-in, ou pour que d’autres sites intègrent des boutons "share" (partage) ou "Apply" (postule) à la manière des "j’aime" de Facebook ou des "tweeter" de Twitter. Bonne pioche…
Mais, pour monter en puissance encore plus vite, depuis l’an dernier, Linkedin a procédé à quelques acquisitions majeures. Fin 2012 :  le très prisé Slideshare sur lequel tous les professionnels partagent leurs présentations. En avril dernier, l’agrégateur de news Pulse, concurrent de Flipboard, qui a permis à Linkedin de lancer ses news en quelques jours à peine. En mai, enfin, le moteur de sondage autour de contenu Maybe.
Un Amazon du business
Pour faberNovel, Linkedin pourrait devenir une place de marché d’experts si ceux-ci sont notés par leurs pairs, une place de marché de projets si les appels passent par sa plate-forme, un lieu où les start-up peuvent trouver des investisseurs, etc. Mais en extrapolant encore plus loin : "dans un ou deux ans, Linkedin pourrait devenir un Amazon du business," conclut Caroline Pandraud. Leur graphe professionnel relie déjà entreprises, employés, partenaires, etc. Certains membres affichent dans leur parcours les contrats qu’ils ont contribué à signer, par exemple. Si Linkedin arrive d’une manière ou d’une autre à capturer les transactions économiques, et si le réseau sait se mettre au milieu de transactions en argent sonnant et trébuchant, tout est possible… Pour faberNovel, ils seraient même en bonne position pour donner des analyses chiffrées sur une situation économique à un instant T… De quoi transformer le rêve de Jeff Weiner en réalité.
Emmanuelle Delsol

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