A lire sur: http://www.atelier.net/trends/chronicles/montre-connectee-se-retrouver-carrefour-usages_423899
Directeur général, L'Atelier
13 septembre 2013
Si l'on s'intéresse à l’environnement
global, la question peut se poser de savoir si la montre connectée va
cannibaliser les montres traditionnelles, qui évoluent dans un monde
bien segmenté.
Il faut d’abord analyser qu’en terme de
gammes, elle est positionnée sur celle des montres comme accessoires de
mode ou sportif, telle celles intégrant GPS et podomètre. Il s’agit donc
de produits à moins de cinq cents euros auxquels viennent se joindre
les bracelets connectés, bien distincts du secteur du luxe, dont
l’impact subi par cette catégorie arrivante sera certainement moindre.
Pour ce dernier secteur, on peut imaginer une adaptation différente,
avec un nombre réduit de fonctions ajoutées à ces montres pour ne pas
dénaturer leurs productions et designs traditionnels. Fabriquées avec
les critères classiques d’horlogerie, elles pourraient en effet intégrer
des fonctionnalités digitales : on trouverait ainsi au poignet d’un
joueur de golf du dimanche un podomètre sur sa Jaeger, Chopard, Rolex,
Tag heuer, Bell & Ross… Ces marques de luxes pourraient également
développer des concepts bifaces comportant un cadran traditionnel et un
digital. La question n’est donc pas tant de savoir si les montres
intelligentes vont éclipser les classiques que de savoir si les
nouvelles fonctionnalités seront effectives dans un environnement ouvert
ou fermé. C’est-à-dire de comprendre si les montres de demain vont
simplement agir comme génératrices de data, ou bien si elles vont
s’inscrire dans un écosystème plus large, en relayant des data via une
communication avec divers appareils.
Deux types de montres connectées
C’est en effet ces deux types de montres connectées qui se dégagent.
Le premier, avec pour principal objectif de générer des données et de
les transmettre, quelle que soit la technologie utilisée, est
principalement à prendre en compte dans le cadre de l’automesure. Ainsi
la montre peut capter des données relatives à la santé, comme le rythme
cardiaque, puis les transmettre aux différents acteurs du secteur
médical. Le deuxième type où la montre s’inscrit dans son écosystème
d’objets et capteurs connectés. Selon les paramètres choisis, elle nous
informe que notre voiture est en train d’être facturée, que notre
chaudière a bien été lancée ou qu’un sms a été reçu. Elle peut également
mémoriser le taux de charge de la batterie de votre voiture électrique
et rappeler l’obligation de recharger le véhicule en fonctiondu trajet à
venir. Plus encore, elle peut donc avoir un rôle pédagogique : après un
certain temps de marche, elle indique qu’il est temps de s’hydrater, au
cours d’une course à pied, elle nous conseille de ralentir pour réguler
notre rythme cardiaque. Tout cela doit bien sûr s’effectuer avec la
plus grande lisibilité, d’autant plus dans un contexte de vieillissement
de la population. L’enjeu économique est conséquent : le cabinet ABI
Research prévoit que 485 millions de ces nouvelles montres pourraient
être vendues d’ici 2018. De nombreuses entrées sur le marché sont
prévues, à l’instar de celle de la Samsung Galaxy Gear.
Une montre personnalisable et ouverte
Ma montre idéale est celle qui, au même titre que les appareils
photos actuels, propose aussi bien des paramètres généraux que des
paramètres personnalisables. Ainsi une personne suivant un traitement
souhaitera que sa montre lui envoie un signal pour lui rappeler l’heure
de la prise d’un médicament. Certes, les téléphones pourraient déjà
exécuter cette fonction. Seulement, alors que le mobile se trouve dans
la poche, la montre, elle, est au poignet. Elle a donc un avantage de
visibilité et d’accessibilité. Pour répondre à tous ces besoins, la
montre doit donc être capable de gérer des paramètres divers, que ce
soit en matière d’automesure, de santé, de domotique, d’automobile, de
mobilité dans la ville, de sécurité… On peut ainsi imaginer recevoir un
simple signal d’un membre de sa famille en difficultés, telle une
personne âgée qui a chuté. De même on pourra recevoir
un signal lorsque l’on passe à côté d’un commerce conseillé par ses amis
sur son réseau social. L’écosystème de la mobilité (automobile,
deux-roues…) est particulièrement intéressant tant le champ des
possibles semble large le concernant, notamment en termes d’e-santé en
visualisant et mémorisant sur soi des données exploitables
ultérieurement.
Une startup française aux commandes ?
Mais pour que ces possibilités soient exploitées et apportent de la
valeur, il faut impérativement que les architectures et systèmes
d’exploitation soient ouverts et communicants, parallèlement aux marques
qui continuent à être dans des systèmes relativement fermés proposés
par exemple par Samsung et Apple. L’enjeu des montres connectées va à
mon avis reposer sur la capacité d’exploiter des data générées par les
usagers par le plus grand nombre d’acteurs « partenariats marques et
acteurs du secteur public ». Pour l’avenir il va y donc avoir une
cohabitation entre : les marques du secteur des TIC qui se développent
sur les montres connectées, le secteur des montres traditionnelles qui
pourront intégrer des fonctions digitales et, comme d’habitude, les
« barbares », de nouveaux acteurs disruptifs qui vont intégrer les
critères fondamentaux de réussite que sont aujourd’hui le système
d’exploitation ouvert interopérable, le design épuré et l’ergonomie
simplifiée, pour répondre aux besoins du plus grand nombre, via un
paramétrage personnalisable voire une customisation de l’objet montre.
Cela se fera, je l’espère, via des start-up françaises, nous avons les
ingénieurs et designers pour cela…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire