A lire sur: http://www.atelier.net/trends/articles/absence-de-capital-developpement-numerique-desavantage-europe_423878
L’Atelier : En quoi ce déficit de capital développement impacte-il la croissance du secteur digital et le développement économique en général ?
Quand les entreprises n’ont plus de moyens pour aller à l’étape suivante, elles ont deux solutions : ralentir la croissance ou vendre à un groupe étranger notamment américain, comme voulait le faire Dailymotion. Dans les deux situations, on freine la croissance des entreprises ayant tout le potentiel de devenir leaders mondiaux dans leurs secteurs de niche. De surcroît, on détruit l’emploi. Rappelons que ce sont souvent des entreprises au stade du capital développement qui créent des emplois, certes, celles au stade du capital risque en créent aussi, mais il s’agit là d’ emplois fragiles. En résumé, l’absence du capital développement représente un désavantage compétitif crucial en termes de croissance économique et d’emploi.
L’Atelier : Et comment pourra-t-on faire afin de combler ce déficit, notamment dans la numérique ?
Personnellement, je pense qu’on a besoin d’une vraie volonté de la part des pouvoirs publics pour renforcer le capital développement. Créer des conditions favorables au développement de ces fonds européens, les entourer d’équipes compétentes. En même temps, il faudrait susciter l’intérêt des grands investisseurs privés, les compagnies d’assurances et leur faire prendre conscience du fait qu’il y a un vrai potentiel en capital développement, notamment dans la numérique. Car ce secteur possède, par rapport au capital-risque, à la fois un taux de rentabilité plus élevé et un risque d’investissement moindre.
Si l’Europe fait jeu égal avec les
Etats-Unis en termes de montants investis en capital risque, le vieux
continent souffre toutefois d’un déficit très important en capital
développement. Celui-ci serait 7 fois moins développé qu’aux Etats-Unis.
Rencontre avec Henri de Bodinat, Président de Time Equity Partners, l’un des rares fonds d’investissement européen en capital développement numérique.
L’Atelier : Comment expliquer cet écart entre l’Europe et les Etats-Unis?
Henri de Bodinat : D’abord, l’investissement en
capital développement dans le domaine du numérique représente une
activité tout récente en Europe : il n’existe que depuis environ quatre
ans. Au début des années 2000, les capitaux risqueurs ont investi dans
de petites entreprises souvent déficitaires. Mais ce dont personne ne
s’est vraiment aperçu, c’est qu’à partir de 2007-2008, certaines
entreprises cadraient plus avec le capital développement qu’avec le
capital-risque, car elles étaient de plus grande taille. Elles passaient
en effet largement la barre de 2 millions d’euros de chiffres
d’affaires. Rentables, ces entreprises avaient tout de même besoin
d’investissements pour soutenir leur croissance. Néanmoins, les capital
risqueurs ne pouvaient plus suivre étant donné les sommes en jeu. Ce
n’est qu’à partir de ce moment-là que les fonds en capital développement
ont commencé à se monter. Aux Etats-Unis, les sociétés sont arrivées
avant nous au stade du capital développement. A cela s’ajoute le fait
que les investisseurs en capital risque américains possèdent des moyens
plus importants que nous et avaient donc plus de facilité à se
transformer en capital développement.L’Atelier : En quoi ce déficit de capital développement impacte-il la croissance du secteur digital et le développement économique en général ?
Quand les entreprises n’ont plus de moyens pour aller à l’étape suivante, elles ont deux solutions : ralentir la croissance ou vendre à un groupe étranger notamment américain, comme voulait le faire Dailymotion. Dans les deux situations, on freine la croissance des entreprises ayant tout le potentiel de devenir leaders mondiaux dans leurs secteurs de niche. De surcroît, on détruit l’emploi. Rappelons que ce sont souvent des entreprises au stade du capital développement qui créent des emplois, certes, celles au stade du capital risque en créent aussi, mais il s’agit là d’ emplois fragiles. En résumé, l’absence du capital développement représente un désavantage compétitif crucial en termes de croissance économique et d’emploi.
L’Atelier : Et comment pourra-t-on faire afin de combler ce déficit, notamment dans la numérique ?
Personnellement, je pense qu’on a besoin d’une vraie volonté de la part des pouvoirs publics pour renforcer le capital développement. Créer des conditions favorables au développement de ces fonds européens, les entourer d’équipes compétentes. En même temps, il faudrait susciter l’intérêt des grands investisseurs privés, les compagnies d’assurances et leur faire prendre conscience du fait qu’il y a un vrai potentiel en capital développement, notamment dans la numérique. Car ce secteur possède, par rapport au capital-risque, à la fois un taux de rentabilité plus élevé et un risque d’investissement moindre.
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