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Le physicien George Gamow a été le premier à comprendre que les ondes de matière quantique pouvaient traverser des barrières d'énergie interdisant classiquement des réactions nucléaires et chimiques. Il a ainsi découvert l'effet tunnel. © AIP, Emilio Segre, Visual Archives
L'électronique du
futur demande la mise au point de composants de plus en plus
miniaturisés mais aussi capables d'effectuer des calculs de plus en plus
rapidement. De nouveaux matériaux sont à la pointe de la recherche pour
obtenir des vitesses de transferts d'électrons plus élevées. Mais les
matériaux classiques n'ont pas dit leur dernier mot comme le montrent
les diodes Métal-Isolant-Métal (MIM) et maintenant MIIM.
Le 09/09/2013 à 13:39
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Une vue de l'assemblage de deux métaux, M1
et M2, accolés à un isolant I, au microscope électronique. L'ensemble
permet de constituer une diode Métal-Isolant-Métal (MIM). Ce genre de
composant est prometteur pour l'électronique du futur. On vient d'en
fabriquer des variantes sous le nom de MIIM. © Oregon State University
Pour relever les défis de l’avenir, comme par exemple mieux comprendre le cerveau humain ou le climat, il faut disposer d’ordinateurs
ayant une puissance et une rapidité de calcul de plus en plus
importantes. Il faut pour cela disposer de composants électroniques de
plus en plus rapides et si possible moins gourmands en énergie.
Une nouvelle électronique est donc en gestation
dans le laboratoire de par le monde et souvent elle mobilise les
chercheurs en physique du solide. On pense utiliser des matériaux
miracles comme le graphène pour remplacer le silicium dans lequel les électrons ne se déplacent pas assez vite pour les besoins de la technologie du XXIe siècle. Mais certains progrès sont sans doute possibles sans en passer par des matériaux aussi exotiques que le germanane.
Des diodes MIM aux diodes MIIM
Les travaux de chercheurs du College of Engineering de l’Oregon State University
en sont un bon exemple. Depuis quelques années, ils progressent dans la
technologie portant sur de nouvelles diodes dans lesquelles les
électrons vont plus vite que dans le silicium. Ce sont des diodes
Métal-Isolant-Métal, ou MIM. Comme leur nom l’indique, elle sont formées
à l’aide d’un sandwich de deux métaux entourant un bande de matière
isolante.
Le physicien George Gamow a été le premier à comprendre que les ondes de matière quantique pouvaient traverser des barrières d'énergie interdisant classiquement des réactions nucléaires et chimiques. Il a ainsi découvert l'effet tunnel. © AIP, Emilio Segre, Visual Archives
Ces MIM permettent un transfert rapide des électrons en utilisant un phénomène quantique bien connu, l’effet tunnel.
Ce n’est pas la première fois qu’on l’utilise dans des composants
électroniques. On peut citer à cet égard la fameuse diode à effet tunnel
qui valut à son découvreur, Leo Esaki, le prix Nobel de physique en
1973. Plus près de nous, les mémoires Flash des clés USB et des cartes mémoires exploitent ce genre de phénomène (l'effet Fowler-Nordheim).
Des sandwichs quantiques pour l'électronique
Les physiciens de l’Oregon State University ont eu l’idée de contrôler plus précisément l’effet tunnel dans une MIM en utilisant en fait deux bandes de matériaux isolants. Comme ils l'expliquent dans l'article publié dans Applied Physics Letters,
ils ont constitué ce qu’on peut appeler une MIIM. Ces deux isolants
constituent donc deux barrières de potentiel différentes accolées dans
le jargon des physiciens quantiques.
En fait, comme on peut le constater en lisant le fameux Quantique : Rudiments
de Jean-Marc Lévy-Leblond et Françoise Balibar, bien des systèmes en
physique du solide et en électronique peuvent être considérés comme des
assemblages de barrières, puits et créneaux de potentiels dans lesquels
les ondes de matière se propagent. Tout l’art des électroniciens quantiques consiste donc souvent à faire des sandwichs de matériaux appropriés.
Ici, l'équipe parvient à contrôler l'effet tunnel pour qu'il se produise, à volonté, à travers deux isolants
ou un seul. La technique permet de mieux maîtriser la non-linéarité,
l’asymétrie et l’effet de rectification à basse tension de cette diode
MIIM.
Selon les chercheurs, les MIIM peuvent facilement
entrer en production à l’échelle industrielle et ont un faible coût de
fabrication. Elles devraient permettre de révolutionner non seulement
l’électronique des ordinateurs mais aussi celles des écrans à cristaux liquides.