lundi 30 septembre 2013

Mais au fait comment a-t-on construit internet?

A lire sur:  http://www.rslnmag.fr/post/2013/08/21/Mais-comment-a-t-on-construit-Internet.aspx

Mais au fait, comment a-t-on construit Internet ? Blog
ANTISECHE - Internet est loin de n’être qu’un espace virtuel. C’est aussi et d’abord du concret, du solide : des tonnes et des kilomètres de matériel répandus un peu partout sur la planète, entre ciel, terre et mer. Un immense bazar, que RSLN vous propose de rendre un peu moins bizarre.
Si vous surfez tous les jours, ou presque, pour vous comme pour la plupart des utilisateurs, Internet est avant tout une formidable fenêtre sur le monde : on y travaille, découvre et s’y amuse. L’idée est certes juste, mais elle occulte le reste. Car à force d’avoir la tête dans le nuage, on en oublie parfois que le réseau des réseaux est avant tout là, sous nos pieds !
Alors, de quoi est-il fait ? Quelles sont ses mensurations ? Continue-t-il de grandir? On vous propose une petite géographie de ces tubes qui, mis bout à bout, exaucent comme par magie n’importe laquelle de vos requêtes...

> Internet, cet immense espace “verre”

Aussi étrange que cela puisse paraître, l’unité de base d’Internet n’est pas le bit, mais le verre. Des tonnes de verre. Pourquoi ? Parce que le verre est un excellent conducteur pour la lumière, qui transporte les précieuses informations faites de 0 et de 1. Sans lui, Internet ne pourrait donc pas apporter “ses lumières” partout où il se répand...
Le verre utilisé par les ingénieurs est le plus pur possible pour éviter un maximum toute déperdition du signal lumineux. Chauffé à très haute température - plus de 2000 degrés - le verre est fondu pour mieux l’étirer sous la forme d’un fil plus fin qu’un cheveux. Et voilà comment un tube massif et translucide se transforme en une bobine de plusieurs centaines de kilomètres de fibres optiques. Rien de sorcier, donc, comme le rappelle le journaliste Andrew Blum, auteur du livre “Tubes : A Journey to the Center of the Internet”, et qui a enquêté pendant deux ans sur la structure du réseau :
“Pour faire simple, Internet est fait d’impulsion de lumière. Ces impulsions peuvent sembler miraculeuses, mais il n’y rien de magique. Elles sont le fruit de puissants lasers disposés dans des coffres en acier, eux-mêmes abrités dans des bâtiments la plupart du temps banalisés. Ces lasers existent. Ces coffres existent. Ces bâtiments existent. Internet existe : il a une réalité physique, une infrastructure essentielle.”
Voilà de quoi démystifier un peu notre quotidien ! Même si le défi technique n’en reste pas moins impressionnant. Les câbles de fibre optique sont les “autoroutes” d’Internet et en forment l’épine dorsale. Gainés de jaune et noir, de la grosseur d’un bras, ils traversent les océans et relient les continents entre eux. Ils sont près de 250 à parcourir ainsi les océans, et s’étalent sur au moins un million de kilomètres. Vingt fois le tour de la Terre.



Tout cela a bien entendu un coût, supporté par des consortiums qui mêlent plusieurs acteurs privés - souvent des opérateurs télécoms, ceux qui possèdent les “tuyaux” -. Sur France Culture, Marie-Noëlle Laveissière, directrice des réseaux internationaux chez Orange, explique par exemple que “Ace” - chacun a son nom - est un des derniers câbles dans lequel son groupe a investi. Il relie la France à l’Afrique du Sud, et dessert plusieurs pays africains au passage. Facture totale ? 700 millions d’euros.
Ces sommes, souvent colossales, sont à relativiser au regard des bénéfices évidents que Internet apporte. Un seul exemple : la première dépêche envoyée par télégramme depuis les États-Unis, à la fin du 19ème siècle, coûtait environ 100 dollars. Un montant à comparer avec le prix de l’envoi d’un e-mail aujourd’hui : quasiment rien.

> Attention, fragile ?

Qui dit réseau physique, câbles, fils et fibres, dit donc failles potentielles. On pourrait donc “couper” Internet, au sens propre ? Oui, et les accidents ne sont pas rares : travaux malencontreux, catastrophe météorologique, filet de pêche qui racle le fond des mers, voire une simple grand-mère armée d’une pelle, tous ces exemples existent. Cependant, il faut savoir que les câbles maritimes comme terrestres peuvent avoir leur jumeau. Ensuite, les interventions en urgence pour “réparer l’Internet” sont rapides - en moins de 48h, même en pleine mer - puisqu’il est possible de localiser la faille au kilomètre près.



Enfin, il ne faut pas oublier que la structure réticulaire d’Internet constitue dans ces cas là un immense atout. Les routeurs, ces machines qui scindent l’information en différents paquets, peuvent trouver un autre chemin quand il y a un “incident” sur la voie principale. Cela vaut bien sûr pour les zones les plus densément reliées, comme l’Europe ou l’Amérique du Nord. Ailleurs, dans les endroits plus isolés, comme en Polynésie française où un seul câble est relié l’archipel, un incident serait plus préoccupant.
En tout état de cause, il y a donc moins à craindre d’un crash physique d’Internet que d’une réelle volonté politique de couper l’accès du réseau de tout un pays. Par exemple, en faisant pression directement sur les fournisseurs d’accès, comme cela s’est vu lors des révolutions des Printemps arabes.

> Des besoins en débit toujours plus grands

Si les câbles maritimes sont des autoroutes, cela veut aussi dire qu’Internet est fait de routes nationales, voire des départementales. En France, encore aujourd’hui, le réseau terrestre n’est pas en fibre optique mais reste encore largement cuivré. C’est tout simplement le même qui nous servait à passer un bon vieux coup de fil. Il a certes fait beaucoup de progrès, par des mises à jour d’ordre logicielle, comme avec l’apparition de l’ADSL et son développement fulgurant au début des années 2000.
Mais pour passer du haut débit au très haut débit (THD), il faudrait donc aménager de nouvelles portions d’autoroutes optiques sur le territoire. Aujourd’hui, le THD concerne pour l’instant moins 400 000  des foyers en France en 2013, sur un total de 25 millions. Le gouvernement a d’ailleurs prévu de dépenser 20 milliards d’euros pour démultiplier ce chiffre en 2020, pour atteindre (très idéalement) 100% des foyers d’ici là.

Quels que soient les moyens mis en oeuvre, il est évident que l’investissement en vaut la chandelle quand on voit le nombre toujours plus vertigineux de données échangées. D’après l’institut d’études en télécommunication TeleGeography, le besoin en bande passante des échanges numériques ont crû de 40% en 2012 dans le monde. En août 2013, il existait plus de 716 millions de sites Internet enregistrés : c’est vingt fois plus qu’il y a dix ans.
La croissance des serveurs de données, qui constituent une autre des facettes de l’Internet “physique”, sont le reflet de cette demande galopante. Certaines fermes de serveurs s’étalent ainsi sur l’équivalent de trois stades de foot. Et d’ores et déjà, on estime qu’ils consomment près de 2% de l’électricité mondiale pour satisfaire les requêtes des internautes.

> Bientôt à la conquête de l’espace ?

Nous avons évoqué l’Internet des mers et des terres, qu’en est-il des airs ? De plus en plus les connexions sont “mobiles”, et l’apparition progressive de la norme 4G en France devrait permettre d’avoir du haut débit sur son smartphone un peu partout. Les réseaux télécoms mobiles sont d’ailleurs une chance pour les territoires dépouillés de réseau filaires, comme en Afrique. Là-bas, Internet passe d’abord par le ciel.
Autre solution : les satellites. Ce moyen était déjà utilisé pour raccorder des endroits éloignés de tout, comme les îles. Aujourd’hui, des projets comme O3b, ambitionne d’envoyer plusieurs engins en orbite moyenne autour de la Terre, pour couvrir les zones laissé de côté par les réseaux filaires. Des initiatives louables, qui jouent la complémentarité avec le reste des infrastructures. Cependant, cette technologie reste dans l’absolu plus coûteuse et moins fiable que les câbles.
Mais mieux vaut un peu de connexion que pas du tout. Début 2013, environ 2,5 milliards d’êtres humaines disposaient d’une connexion Internet, mais les 4,5 milliards restants attendent toujours d’en voir la couleur.

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