lundi 30 septembre 2013

SVOD : match au sommet entre CanalPlay et Jookvideo

A lire sur:  http://www.zdnet.fr/actualites/svod-match-au-sommet-entre-canalplay-et-jookvideo-39794207.htm

Sommaire : Le poids du marché français de la SVOD est encore marginal par rapport au chiffre d’affaires total du secteur, mais cela n’empêche pas les plateformes locales de se battre pour recruter des abonnés. Parmi elles, CanalPlay Infinity et Jookvideo.
 
Pendant que les professionnels parlent et reparlent de la chronologie des médias et de la place de la fenêtre SVOD, plusieurs plateformes n’ont pas attendu pour lancer leurs offres. Parmi les plus visibles du marché, il y a FilmoTV, VideoFutur, le Pass Séries de M6, le Pass Cinéma de SFR, la zone FreeHomeVOD chez Free, mais aussi Canalplay Infinity, Vodeo et le dernier venu JookVideo.
Selon les derniers chiffres publiés par GFK, la SVOD serait même le seul segment de l’offre en ligne à avoir progressé depuis le début de l’année : plus de 18% de croissance pour un CA d’environ 14 millions d’euros. Mais il est très difficile de savoir qui est le leader du marché puisqu’aucun des acteurs ne communique ses chiffres.  Sauf que cette année, le groupe Vivendi a rendu public le nombre d’abonnés à l’offre de CanalPlay Infinity tandis que le groupe AB divulguait le nombre d’abonnés de sa plateforme JookVideo. Ce qui nous permet de comparer les deux offres et de voir qui est en passe de remporter le match de la conquête de clients.

La mue de Canalplay
Canalplay Infinity disparaît sans faire de bruit. Nous avions évoqué la relative mise en retrait de la SVOD au profit de la nouvelle chaîne consacrée aux séries, nous n'étions pas loin de la vérité.  Désormais, le site de SVOD de Canal Plus s’appelle tout simplement CanalPlay alors que l’offre de VOD transactionnelle se dénomme CanalPlay VOD. Une évolution en douceur qui se traduit à l’écran par une subtile fusion de l’offre par abonnement et de l’offre à la demande. Sur Free par exemple, le logo de la mosaïque est CanalPlay alors que les pages intérieures sont restées logotisées Infinity. Sur le site PC, l’offre à la demande est accessible soit via le bouton CanalplayVOD mais aussi, au sein du menu Cinéma SVOD, sous la rubrique VOD à la carte.
Moins de deux ans après son lancement,  Canal + fait évoluer son offre vers une plateforme unique regroupant VOD et SVOD.  Une stratégie audacieuse qui doit répondre à une demande des clients de l’offre à la demande de la chaîne cryptée : pour plus de fluidité de navigation, pour plus de simplicité de l’offre, pour une meilleure efficacité dans l’acte de consommation.
La VOD transactionnelle, simple menu de l'offre SVOD de CanalPlay - D.R.

Comment Jook a fait pour doubler CanalPlay ?
Alors que Canalplay n’avait pas dépassé 173.000 abonnés à fin juin 2013 selon les chiffres publiés par Vivendi, Jook a fièrement  annoncé avoir franchi le cap des 300.000 abonnés. Au delà des opérations promotionnelles réalisées par les 2 sites : un mois gratuit pour CanalPlay et  une offre limitée dans le temps à 3 euros pour Jook sur Venteprivée, c’est en fait dans le mode de commercialisation que se situe l’astuce. En effet, Jook est proposé en bundle chez 2 opérateurs : Numéricable et Orange. Chez Orange, Jook est ainsi inclus en bundle dans l’offre « Pass Vidéo Livebox Play ».
Extrait des comptes semestriels de Orange - D.R.
Quand on sait, selon les chiffres publiés par Orange, que la LiveBox Play s’est écoulée à fin juin 2013 à plus de 500.000 exemplaires, on comprend d’où vient la majorité des abonnés de Jook. Ce ne sont pas de plus mauvais abonnés que ceux de Canalplay, ils ont simplement été recruté différemment et s’inscrivent dans un modèle économique différent que celui de CanalPlay qui lui recrute directement les abonnés sur les plateformes de ses partenaires distributeurs. Ajoutons que les abonnements bundlés de Jook proposent une sélection de 250 programmes répartis en 5 catégories.
L'offre de Jook chez Orange telle qu'elle est présentée aux abonnés - D.R.
Au delà des chiffres, c’est uniquement à la lecture du chiffre d’affaires réalisé qu’on pourrait savoir lequel des deux services est le plus performant et surtout lequel est le plus rentable, seul gage de pérennité d’une plateforme de SVOD. Gregg Bywalski, le DG de Jook le confirme : « notre objectif prioritaire est de déployer notre offre « full » à 6,99 € chez les FAI le plus rapidement possible afin de dégager de la rentabilité. Nous lançons Numéricable en  novembre et Orange et Bbox suivront début 2014. »

La course à la distribution
Les deux services ont le même objectif : maximiser le plus vite possible la distribution de leur service. Pour le moment, CanalPlay dispose d’une belle avance en étant présent chez SFR, Apple TV et Xbox. De son côté, Jook mise sur le multidevices et l’OTT avec le lancement de ses applications Android et iOS ainsi que son partenariat avec Samsung. Mais très rapidement, les deux services se neutraliseront car les opportunités de distribution ne sont pas infinies. C’est donc sur les programmes et les actions promotionnelles que le combat se jouera.
CanalPlay sur PC - D.R.
JookVideo sur iPad - D.R.

Le match des séries
Pour ce qui est de l’offre de programmes,  la différence entre les deux services est assez flagrante. Sur le cinéma, comme tous les films ont plus de 36 mois d’ancienneté, au delà du nombre de studios signés, la comparaison des offres n’est pas commercialement déterminante. En revanche, sur les séries, véritable produit d’appel de la SVOD, elle l’est nettement plus.
Canalplay offre 70 séries différentes, en provenance des plus grands studios alors que Jook n’en propose que 18 et pas toujours de la première fraicheur !  Pour un prix identique de 6 ,99€, le consommateur pourra aussi se déterminer sur l’offre jeunesse où Canalplay propose 80 séries alors que Jook en offre 37. Enfin, alors que Canalplay a constitué son offre autour de 4 grandes thématiques : Cinéma, Séries, Kids et Adulte Jook joue la carte d’une plus grande diversité en ajoutant des mangas, des documentaires, du sport, de la musique et des spectacles. Conscient de son retard sur son offre de séries, le groupe AB a signé un accord avec Starz afin de muscler son offre de séries dans les prochains mois. Mais pour Gregg Bywalski, pas question de modifier le positionnement « famille » de son offre en incluant une offre adulte.
La Home Séries sur Canalplay - D.R.

La Home Série sur JookVideo - D.R.

Les prochaines étapes
Pour le moment la bataille de la SVOD est franco-française. Tant que les leaders mondiaux n’ont pas mis le pied ici, les plateformes françaises peuvent continuer de se développer et de s’affronter à coup d’achat de catalogues et de campagnes promotionnelles. Mais la vie des éditeurs de SVOD n’est pas un long fleuve tranquille et il est fort probable que plusieurs acteurs soient amenés à revoir leur stratégie à court terme. D’une part parce qu’au delà de la chronologie des médias bloquée à 36 mois pour le cinéma, la distribution de ces services via les différents opérateurs du marché est un enjeu de première importance et  d’autre part parce que l’atteinte du point mort d’exploitation passe obligatoirement par un recrutement massif de nouveaux abonnés très coûteux en cash. Il semblerait en effet, qu’avec le principe des offres sans engagement, le taux de churn soit relativement élevé. Tout cela pour dire qu’il n’est pas étonnant de voir Canal + remettre sa stratégie VOD et SVOD à plat moins de deux ans après le lancement de son offre d’abonnement.
Pour ce qui est de Jook, on peut aisément imaginer que Claude Berda, en homme d’affaires avisé qu’il est, doit se réjouir d’avoir pris une place de choix sur ce marché aussi rapidement.  Il ne serait d’ailleurs pas surprenant qu’il rende visite à l’un de ses actionnaires de référence (TF1 détient 34% de AB) et à qui il a déjà vendu des chaînes (TMC et NT1) pour lui proposer de participer à l’aventure. En effet, AB a réussi en moins d’un an là où TF1 a échoué depuis des années. Pour une somme relativement modeste TF1 pourrait ainsi disposer d’un outil de conquête pour le marché SVOD qu’il suffit de renforcer éditorialement et d'appuyer en marketing. Car s’il est acquis que la perspective d’avoir 500.000 abonnés l’été prochain est réaliste, les 500.000 abonnés suivants seront nettement plus difficiles à recruter. Et dans ces conditions, seules des partenariats stratégiques pourront relever le défi. Et ce ne sera pas la première fois que AB aiderait TF1 à conquérir un nouveau marché !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire