A lire sur: http://www.atelier.net/trends/articles/acteurs-de-ecosysteme-crowdfunding-inscrit-perennite_424291
Au terme d'une journée entière de tables
rondes consacrées à ce mode de financement innovant, les intentions des
divers acteurs, privés et publics, semblent s'incrire dans une même
volonté : le financement participatif n'est plus anecdotique.
Ce sont les mots qu'a utilisé François Carbone,
Président de l'Association Financement Participatif France, lorsque que
clôturant les 1ère Assises du Crowdfunding, l'équipe de AFPF
a présenté à Fleur Pellerin, ministre déléguée aux PME, à l'Innovation
et à l'Economie numérique, le livre blanc du financement participatif
français 2013. 30 millions d'euros pour le premier semestre 2013, c'est
ce que les nombreuses plate-formes de crowdfunding présentes sur le
territoire ont comptabilisé. Ce chiffre s'il peut apparaître encore
relativement mineur s'avère plus évocateur lorsqu'on le met en relation
avec le nombre de projets financés : un peu plus de 30 000 projets ont
été soutenus par 1/2 million de français. Mais pour comprendre l'impact
du crowdfunding, l'analyse en termes de volumes n'est pas suffisante. Se
plaçant sur le marché du microfinancement, ou du moins d'un financement
réduit, il faut intégrer son approche dans le contexte de l'innovation.
C’est ce à quoi se sont attelés les différents acteurs du marché lors
de cette journée : montrer que la finance participative est une approche
innovante et pérenne de financement des PME, et d’autant plus en
France.
Décloisonner et normaliser
Pérenne pourquoi ? Car tout d’abord si le crowdfunding est
traditionnellement attaché aux nouvelles technologies et aux jeunes
startups et entrepreneurs, ils sont désormais loin d'être les seuls à en
profiter. Avec le développement de plate-formes de plus en plus
intuitives et la généralisation des transferts financiers sécurisés sur
la Toile, de nombreux entrepreneurs se tournent vers le
sociofinancement. A l’instar de Rosa Tandjaoui,
libraire, qui qualifie ce phénomène de "révolution positive" :
"Internet permet de proposer un discours construit à une foule [...] on
se rend compte que nos clients mêmes peuvent devenir nos investisseurs."
Ensuite, plutôt qu'une question de secteur, le financement participatif
est d'abord localisé : que ce soit à l'échelle d'une ville, d'une
région ou d'un pays, il s'agit d'un phénomène de réappropriation du
territoire par les investisseurs. Et ce changement d'échelle témoigne
clairement d’un changement de mentalité du rapport au prêt et à
l'investissement. Si justement ceux qui investissent dans ces
plate-formes ne sont pas les acteurs classiques du financement, ce
processus permet de le dédiaboliser en lui donnant une réelle existence
pratique. Cependant son image se doit d'évoluer auprès de l’opinion
publique, comme l’explique Thierry Merquiol, Fondateur de WiSEED
: "On oppose encore crowdfunding et argent intelligent, nous avons un
réel problème de perception [...] nous faisons du co-investissement avec
des Business Angels et d'autres acteurs afin de normaliser notre
situation."
Soutenir la position française
Mais cette croissance du secteur participatif ne pourra
déployer son entière capacité qu'avec une législation plus claire et
plus proche des problématiques spécifiques que rencontrent les
plate-formes de crowdfunding. Il faut dire aussi que les pouvoirs
publics ont beaucoup à gagner à protéger la position particulière que la
France détient en Europe. Ainsi 3 des entreprises leaders sur le marché
européen du crowdfunding sont françaises et on voit apparaître une
certaine expertise à la française du rapport au financement
participatif. C'est dans cette veine que Fleur Pellerin a annoncé de
nombreuses pistes de réformes de la législation, il s'agirait ainsi de
réduire à nul la question du besoin en fonds propres nécessaire à la
mise en place du crowdfunding mais aussi de permettre à terme d'élever
les plafonds encore très contraignants qui limitent la capacité
d'investissement particulière sur chaque projet. Plus largement, en
permettant un assouplissement des conditions d'exercice, les pouvoirs
publics entendent montrer leur présence en tant qu'acteurs à part
entière de l'économie collaborative.
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