dimanche 17 novembre 2013

En France aussi, les ados délaissent Facebook pour Snapchat

A lire sur:  http://www.zdnet.fr/actualites/en-france-aussi-les-ados-delaissent-facebook-pour-snapchat-39795552.htm

Avis d'expert : Une enquête "ethnographique" de la Fédération française des télécoms confirme les récents sondages réalisés aux Etats-Unis. Facebook fait moins recette auprès des jeunes et aurait raison de s'inquiéter.
Les vaines tentatives de Facebook pour s'emparer de Snapchat (dont une dernière offre à 3 milliards de dollars !) s'expliquent aisément. Facebook perd de son aura chez les ados, son coeur de cible. Un désengagement illustré par différents sondages aux Etats-Unis et confirmé par le réseau social lui même.
Très versatiles, les 15-25 ans préfèrent se tourner vers d'autres outils comme Twitter, Tumblr et Snapchat donc, une application permettant d'échanger des contenus éphémères sur mobile. Une pratique qui cartonne chez les ados. On comprend pourquoi Facebook est près à signer un chèque à dix chiffres...
Ce glissement des habitudes semble se confirmer également en France si on en croît une "enquête ethnographique" menée par la Fédération française des télécoms. Attention néanmoins, l'échantillon de cette étude nous paraît bien bas : 20 jeunes de 12 à 17 ans dans trois régions de France.
"Facebook, c'est mort !"
Des résultats à prendre avec des pincettes donc mais qui valident la "grande peur" de Facebook actuellement. "Plus qu’une simple translation d’usage liée à un effet de mode, nos entretiens ont révélé que ces recoins numériques que se sont forgés les adolescents et où les adultes n’ont pas leur place sont investis en raison de la valeur très particulière qu’ils ont dans l’économie psychique de ces personnalités en cours de formation", expliquent les auteurs de l'étude.

« Facebook, c’est mort », « Facebook, c’est fini », « il ne se passe plus rien sur Facebook », assènent les ados interrogés... Alors que Snapchat jouit d'une 'coolitude' sans précédent avec 50 à 80 clichés envoyés par jour et par utilisateur.  "Ce dispositif qui a décuplé les pratiques quotidiennes de photo mobile connait une rapidité d’adoption et d’usages exceptionnelle", poursuit l'enquête.

"Les commentaires que font nos jeunes interviewés de cet usage abondant laissent d’emblée poindre la valeur libératrice, voire réparatrice, de ces échanges à plusieurs d’images sans traces, sans incidence, et sans conséquences", contrairement à Facebook, peut-on également lire.
Traduction : Facebook est lieu des images officielles, presque corporates, où il faut absolument se mettre en valeur et ce sur de longues périodes. Car Facebook n'oublie rien...
Le roi des réseaux sociaux génère en fait un nouveau d’inquiétude : "la crainte de perdre la face, au sens propre, en étant « affiché » - adjectif qui a dans le langage des ados une connotation très négative".
Et d'expliquer : "Bien qu’elle s’appuie rarement sur des expériences vécues, la hantise est réelle de voir exposées sur Facebook des images de soi dévalorisantes, que les adolescents désignent par la formule très usitée, de Lisieux à Strasbourg en passant par Aulnay-sous-Bois, de « photos dossier »".
"Si elles sont rarement utilisées, ou même montrées, elles ont valeur dissuasive face à la menace de « l’affichage » : ce sont des « munitions », comme les appellent certains de nos interviewés, pour une guerre des images qui n’aura pas lieu, mais dont Facebook est le territoire fantasmé. Autre pesanteur des effets de scène propres à Facebook : l’inévitable soumission à la performance des « likes », qui sanctionnent par leur absence ou leur petit nombre un « post », une photo ou une vidéo peu appréciée. Les adolescents rencontrés font souvent état de ces « flop » mortifiants à l’issue d’un post sur Facebook".  
Les ados ne veulent plus laisser de traces et rejettent le côté 'image publique' de Facebook
Au contraire, "le « phénomène Snapchat » est en partie l’expression du rejet des exigences de l’image publique ou semi-publique portées par Facebook. Photos de grimaces, de visages défaits, grimés, gribouillés, langues tirées, dentifrices sur les lèvres ou shampoing sur les cheveux, rougeurs, mauvais profil et gros plans désavantageux qui transforment les parties du corps en matière informe : une partie des images produites semblent procéder d’un renversement carnavalesque des valeurs esthétiques en vigueur sur Facebook", expliquent les auteurs.
« L’intérêt de Snapchat, c’est de pas faire d’efforts », « Personne te juge », « Tu peux envoyer plein de photos de toi : tu n’auras pas l’air de quelqu’un qui s’aime trop comme sur Facebook », indiquent ainsi les ados interrogés.

"Se soustraire à la tyrannie des regards tout en s’adonnant à la passion spéculaire propre à l’adolescence : c’est là l’un des ressorts du succès de Snapchat, qui révèle la réflexivité, souvent mésestimée, des pratiques numériques juvéniles", commente l'enquête.
"Si elles ont tant de succès chez les adolescents, c’est que les images de Snapchat offrent une forme sans exigence de sens au service de ce lent façonnage de soi", concluent les auteurs.
La liberté de l'un contre la paranoïa de l'autre en somme...

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