dimanche 23 février 2014

Comment gagner la bataille mondiale de l'innovation

A lire sur: http://www.lesechos.fr/opinions/points_vue/0203265063808-comment-gagner-la-bataille-mondiale-de-l-innovation-645620.php

POINTS DE VUE
IDÉES   POINTS DE VUE de Jean-Daniel Tordjman

Par Les Echos | 27/01 | 06:00
Pourquoi des grandes entreprises technologiques comme Google ou Amazon volent de succès en succès ? Et pourquoi d'autres, puissamment établies comme Kodak, BlackBerry, HP ou même Sony connaissent des difficultés majeures ?
Kodak, bien qu'il ait déposé les premiers brevets pour la photo numérique, a raté ce tournant historique et s'est effondré.
Intel, qui dominait le marché des PC avec 85 % d'équipement n'a pas réussi sur les téléphones mobiles : 1 %.
Après l'argent gagné sur Walkman, Sony s'est dispersé sur les films et la musique et a raté le tournant de l'iPad.
Nokia, qui dominait le marché des mobiles a manqué les smartphones.
Que s'est-il passé ?
La réponse essentielle est la culture du top management : les grands succès génèrent l'assoupissement sur ses lauriers. Contre cette tendance naturelle, les dirigeants doivent se focaliser sur les marchés créateurs de richesses du futur et ne pas hésiter à cannibaliser leurs propres produits.
Gillette lance constamment de nouveaux rasoirs pour inciter l'achat des plus profitables. Larry Page, président de Google, ne cesse de maintenir ses troupes en alerte « le plus grand danger pour Google vient de Google lui-même » pour éviter que les succès n'endorment les remises en cause.
Tout est dans la manière d'apprécier et « d'embrasser » le risque. Sur ce thème, nous, Français, avons beaucoup à apprendre des Américains comme des Coréens ou des Israéliens.
Que nous disent-ils ?
L'innovation a un risque d'échec considérable : une innovation sur 3.000 serait un succès commercial. Il s'agit de ne pas la rater. Donc, pour avoir des succès, il faut accepter l'échec.
HP disposait d'une tablette parfaitement honorable en 2005, cinq ans avant Apple - mais, grisé par ses succès en ordinateurs et en imprimantes, HP n'a pas osé prendre de risque sur les tablettes, passant à côté d'un succès mondial hautement profitable.
Comment encourager le mouvement vers le risque ?
Outre la limitation des effets des principes de précaution ou autres, trois méthodes dans l'entreprise :
1 - Changer la culture en récompensant les succès mais surtout en pénalisant moins les échecs provenant d'une prise de risques ;
2 - Organiser la compétition interne. En accepter le principe ne suffit pas - il faut l'appliquer et laisser les idées se développer depuis la base en encourageant toutes les méthodes possibles : « spin off », « buy out », licences, alliances, foire aux idées, soutien aux prototypes, financement des compétitions entre idées et produits ;
3 - Offrir ressources et soutien aux innovateurs dans l'entreprise. Souvent, les innovations « bottom up » sont supérieures aux innovations « top down ». A chaque entreprise de nommer un responsable innovation, de développer ses outils d'évaluation, de se focaliser sur les innovations de rupture, de donner aux équipes des problèmes presque impossibles à régler pour susciter débats, comparaison des meilleures pratiques et innovations, d'attirer les meilleurs talents, d'encourager l'esprit d'entreprise des ingénieurs et de les rapprocher des gens du business.
Les entreprises françaises ont des atouts réels dans cette compétition impitoyable. La remise à plat de notre système fiscal doit, pour créer des emplois, avoir un objectif majeur : encourager la création de richesses et donc la prise de risques.
Jean-Daniel Tordjman
Jean-Daniel TORDJMAN est président du Cercle des Nouveaux Mondes

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