jeudi 20 février 2014

L’enjeu planétaire de la ville intelligente

A lire sur: http://www.informatiquenews.fr/lenjeu-planetaire-de-la-ville-intelligente-7881

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En 2008, l’ONU a publié un rapport indiquant que plus de 50 % des humains de la planète habitaient dans des villes. D’où l’importance des technologies numériques pour répondre aux défis posés.
Le monde est désormais majoritairement urbain. Le basculement est très rapide : en 2030, six habitants de la planète sur dix vivront dans des villes et sept sur dix en 2050. Les mégalopoles étendent leur empire rapidement : 10 % des habitants de la planète vivent dans des villes de plus de 10 millions d’habitants. Ce phénomène relativement récent pose des problèmes variés qu’est sensé résoudre le concept de « ville intelligente » aujourd’hui largement partagé mais avec des approches différentes. Le moteur de recherche de Google donne 210 millions de documents lorsque l’on tape « smart city » c’est dire si la notion de ville intelligente a largement passé le stade de la communication marketing des fournisseurs.
Les fournisseurs IT sont impliqués sur ce marché depuis plusieurs années. IBM qui avait lancé son nouveau mot d’ordre Smarter Planet l’a assez naturellement décliné au niveau de la ville. Mais tous les autres grands fournisseurs IT se sont positionnés sur ce nouveau créneau.
Pourtant, un rapport publié en 2012 par le cabinet Ovum expliquait que les fournisseurs IT perdaient du terrain face aux autres concurrents venant d’autres secteurs : les industriels de l’énergie, du BTP, les utilities, les entreprises de transport et même les banques. La raison : « ils manquent d’un engagement financier sur le long terme et ont un modèle d’affaire plus orienté vers un retour sur investissement plus rapide ». Pour le cabinet Ovum, les fournisseurs IT vont devoir nouer des alliances avec des partenaires dont le modèle économique est plus en phase avec l’horizon temporel des villes.
Toutefois, ils restent en première ligne dans cette transformation majeure car, comme le rappelle l’Institut de l’entreprise qui vient de publier un rapport intitulé Smart cities
Efficace, innovante, participative : comment rendre la ville plus intelligente ? : « L’utilisation des nouvelles technologies et des données est le préalable à toute logique de « smart cities ». Appliquée aux services publics, la numérisation doit permettre d’améliorer les politiques publiques locales, idéalement à un coût inférieur ».
La ville intelligente, ou « smart city », explique le rapport est « une nouvelle façon de penser la ville, le service urbain et l’interaction de ses différents acteurs (administration, habitants, entreprises). Métropolisation, complexité croissante du fait urbain, place accrue du numérique et des données, nécessité de contenir la dérive des dépenses publiques locales, la ville intelligente est le lieu des défis de l’urbanisation et des opportunités permettant d’y faire face ».
La Ville intelligente aura notamment pour objectif de créer les services qui sont attendus par les citoyens, des services qui s’appuient de plus de plus sur un socle numérique. Les deux systèmes de location, de vélos et de voiture électrique de la Ville de Paris n’auraient pu être mis en service sans une forte contribution des systèmes informatiques. Quels sont alors les services attendus par les Français ?
Une étude réalisée par Ipsos (commanditée par Microsoft) en novembre dernier dans la perspective des élections municipales montre que la quasi-totalité des Français (90%) considère que le développement des services numériques et des nouvelles technologies contribue à leur simplifier la vie au quotidien. Si les avantages du numérique sont déjà unanimement reconnus, le meilleur semble encore à venir : 85% pensent que les services numériques et les nouvelles technologies vont leur simplifier la vie à l’avenir. Bref, la ville intelligente sera numérique ou ne sera pas.
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 Les services numériques attendus par les Français

Près de 9 Français sur 10 jugent utile le développement des services numériques de leur ville dans les années à venir. C’est ce qu’indique l’étude « Ville Numérique » réalisée pour Microsoft qui liste les 10 services numériques les plus attendus par les Français :
12-Smart City1
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Le Top10 des villes intelligentes

De nombreux classements sur les villes intelligentes sont faits régulièrement.  
Le classement d’ABB1. Londres
2. Paris
3. Venise
4. Texas.
5. Bangalore.
6. Dubai.
7. Boston.
8. New York.
9. Milan, Rome, Paris, Vienna.
10. Au moins une douzaine de villes chinoises dont vous n’avez jamais entendu parler  

Le classement de fastcoexist.com (2012)

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 Les 4 orientations et 10 propositions de l’Institut de l’entreprise pour faire émerger des villes intelligentes à la française

I. Rendre la ville, les services publics et les infrastructures urbaines plus efficaces
L’utilisation des nouvelles technologies et des données est le préalable à toute logique de « smart cities ». Appliquée aux services publics, la numérisation doit permettre d’améliorer les politiques publiques locales, idéalement à un coût inférieur.
1. EVALUER LES COUTS ET OPPORTUNITES DU SMART
- Repenser la mesure de la performance publique à l’ère de la smart city en mobilisant toutes les expertises disponibles (recherche universitaire, organismes publics, think tanks)
- Confier au Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP) la mutualisation des évaluations des coûts et bénéfices des démarches et expériences des smart cities
- S’appuyer sur cette expertise pour opérer, aux échelles métropolitaines, des révisions générales des politiques publiques locales afin d’identifier et supprimer les doublons rendus inutiles par les technologies de l’information et de la communication.
2. ADAPTER L’ADMINISTRATION LOCALE POUR AMELIORER SON EFFICACITE
- Intégrer l’ensemble des services locaux aux entreprises et aux habitants sous la forme d’une plate-forme numérique concrétisant la logique du guichet unique
- Faire du numérique un enjeu stratégique de la ville en créant, dans les municipalités, des directions du numérique, confiées à des personnes aux profils davantage « entrepreneuriaux » que « techniques »
- Établir un « observatoire des besoins urbains » dans chaque métropole pour bâtir la ville intelligente sur les usages plutôt que la seule technologie
- Créer un réseau social des villes intelligentes afin d’échanger sur les meilleures pratiques
3. AMÉLIORER QUALITÉ DE VIE ET ATTRACTIVITÉ URBAINES
- Faciliter l’accès aux services publics et privés par une meilleure information
- Adapter les services publics locaux aux rythmes et horaires de travail des salariés
- Accroître le nombre d’aménagements urbains intelligents et d’espaces publics attractifs et modernes (Wi-Fi généralisé, panneaux digitaux)
- Employer les ressources offertes par les nouvelles technologies au service de la lutte contre la criminalité et les incivilités
4. PERMETTRE LA MOBILITÉ ET LIMITER STRESS ET CONGESTION
- Optimiser les déplacements et limiter la congestion urbaine – applications pour faciliter la vie des usagers dans leurs déplacements, diversification de l’offre de transport, usages nouveaux, utilisation de capteurs
- Inciter les entreprises à mettre à disposition d’autres entreprises ou de particuliers leurs capacités excédentaires. Il s’agirait pour elles de louer à d’autres entreprises leurs bâtiments inutilisés ou leurs flottes de véhicules.
- Développer des « tiers lieux » qui permettent de travailler mieux en se déplaçant mieux, comme les espaces de coworking, dans la perspective d’un service public du travail ouvert aux salariés, travailleurs indépendants et demandeurs d’emploi
5. AUGMENTER LES PERFORMANCES ENVIRONNEMENTALES
- Réduire ensemble l’empreinte écologique par l’optimisation des consommations dans le ressort territorial d’une métropole (smart grids)
- Concevoir la ville non plus en fonction de bâtiments dont les performances sont évaluées isolément, mais de plus en plus à l’échelle des quartiers
- Donner davantage de pouvoir aux villes pour organiser leurs modes de consommation et tester de nouveaux modèles énergétiques
- Inventer des dispositifs innovants pour permettre des investissements « verts » sans surendetter les villes

II. Expérimenter de nouvelles collaborations public-privé pour accroître les retombées économiques
Dans une logique de « smart cities », les municipalités et les grandes entreprises testent de nouveaux modèles de partenariat, plus adaptés aux défis auxquels elles sont confrontées et proposant une meilleure allocation du risque. Elles contribuent aussi au développement des entreprises innovantes.

6. FAVORISER LES ENTREPRISES DE LA SMART CITY ET L’ÉMERGENCE DE BUSINESS MODELS ASSOCIÉS
- Instaurer un «Local Small Business Act » : dans le cas des attributions appels d’offres faisant l’objet de partenariats entre grands groupes et petites entreprises, faire en sorte que le financement ne transite pas uniquement par le consortium mais aussi en partie par les petites entreprises concernées
- Favoriser la transparence des marchés publics en instituant pour les métropoles une obligation de mettre en ligne sur un site dédié tous les documents relatifs aux marchés
- Privilégier la logique d’incubation à celle de subvention des projets entrepreneuriaux. Il s’agit d’attirer et de développer le capital humain en développant des espaces de coworking et des incubateurs, nouveaux lieux de diffusion et de partage du savoir
- Favoriser la collaboration entre les grandes entreprises et les start-up en incitant les premières à créer des incubateurs
- Assurer les conditions de déploiement des nouveaux business models des entreprises de la ville

7. VALORISER LES VILLES ET LES ENTREPRISES FRANÇAISES
- Mettre en place une filière efficiente de recyclage du matériel de haute technologie
- Valoriser l’action des entreprises en mettant en valeur auprès des habitants le rôle des entreprises dans le fonctionnement quotidien de la ville
- Valoriser, à l’échelle mondiale, les réalisations françaises en termes de smart cities

III. Faire participer les habitants à la « fabrication » de la ville
Face à la dynamique d’agglomération et au changement d’échelle des enjeux des métropoles, les défis de la ville ne semblent plus trouver leur unique solution dans l’intervention verticale, mais de plus en plus dans l’ingéniosité des habitants.
8. CONSACRER LA PARTICIPATION DIRECTE DES HABITANTS ET DES ENTREPRISES
- Faire de la ville le terrain privilégié du service public participatif en faisant des habitants des producteurs d’information
- Éclairer les choix des subventions aux services et équipements en permettant aux habitants de faire part de leur avis et commentaires
- Limiter les écrans entres les élus, d’un côté, et les entreprises et les habitants, de l’autre, en réduisant le nombre d’instances et de collaborateurs intermédiaires
- Permettre un investissement permanent des habitants et des entreprises dans le montage et le suivi des grands projets, voire dans leur financement (crowdfunding)
- Créer une plate-forme collaborative permettant aux citadins de s’investir dans des missions de service public
- Organiser une véritable participation des entreprises dans la ville par l’intermédiaire d’instances créées à cet effet

IV. Développer les initiatives d’open data au niveau local et en faire profiter l’administration, les habitants et les entreprises
L’open data est nécessaire à la fois pour favoriser le contrôle démocratique et susciter des retombées économiques.
9. OUVRIR LES DONNÉES
- Instituer un droit opposable à l’open data, qui pourrait prendre la forme d’un délai au-delà duquel les villes devraient publier les données demandées et justifier de ne pas le faire le cas échéant
- Développer la mise à disposition systématique des données locales publiques, en invitant les municipalités à adapter leur organisation à la production de ces données
- Mettre l’open data au service des usagers, en procédant à un retraitement des données pour qu’elles soient présentées de façon simplifiée, par un travail conjoint de la municipalité et de développeurs
- Communiquer annuellement sur la fiscalité locale et permettre la comparaison ville par ville des impôts locaux
- Développer la transparence et la géolocalisation des dépenses publiques
- Créer des « banques de données personnelles » où les citoyens puissent stocker leurs données et en permettre ou interdire l’accès
- Mettre à disposition gratuitement, aux échelles locales, les données détenues par les grands organismes nationaux, notamment en matière de protection sociale ou de fiscalité
- Favoriser l’échange de données entre opérateurs économiques et acteurs publics
- Mutualiser les données de l’ensemble des collectivités

10. PROTÉGER DES RISQUES NUMÉRIQUES
- Réduire la fracture numérique en mettant en oeuvre une « clause d’insertion numérique » dans les contrats passés avec les opérateurs de la smart city
- Veiller à la bonne formation des agents municipaux et des élus aux nouvelles technologies
- Se protéger contre les cyberattaques potentielles. La vigilance doit être constante, tant au moment du montage des réseaux que pendant leur maintenance
- Se prémunir contre la vulnérabilité des réseaux numériques de la « ville intelligente » en s’inspirant des réseaux d’eau ou de gaz pour imaginer des maillages permettant de maintenir un niveau minimal de service en cas de défaillance
Infographie Smart city MS

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