vendredi 21 mars 2014

Chronique du futur : les robots débarquent discrètement... mais sûrement

A lire sur: http://www.futura-sciences.com/magazines/high-tech/infos/actu/d/robotique-chronique-futur-robots-debarquent-discretement-mais-surement-52729/#xtor=EPR-17-%5BQUOTIDIENNE%5D-20140312-%5BACTU-Chronique-du-futur-:-les-robots-debarquent-discretement----mais-surement%5D

L’arrivée des robots, annoncée depuis longtemps, a lieu sous nos yeux. De grands progrès ont été réalisés ces dernières années, en matière d’autonomie et de mécanique. La prochaine génération sera capable de courir, de grimper, d’aller sauver des vies sous les décombres ou de conduire un véhicule. La semaine prochaine, ils se réunissent à Lyon...


Beam Pro, l'écran à roulettes qui peut rendre presque présent un collègue absent. Verrons-nous un jour ce genre de réunions, où des humains éloignés se rencontreront par robots interposés ? © Suitable Technologies
Beam Pro, l'écran à roulettes qui peut rendre presque présent un collègue absent. Verrons-nous un jour ce genre de réunions, où des humains éloignés se rencontreront par robots interposés ? © Suitable Technologies
Du 18 au 20 mars se tiendra à Lyon le salon Innorobo, une manifestation qui prend de l’ampleur chaque année et sur laquelle il faut conserver un œil. Car les robots du futur pointent leur nez, et leur allure commence déjà à s’esquisser. Les tendances évolutives de ces nouvelles espèces se précisent en effet avec plusieurs axes, comme la téléprésence, l’assistance, le secours aux personnes ou l’intelligence artificielle.
En France, l’annonce d’un « robot lycéen », engin à tête et à roues prenant la place d’un élève absent, a quelque peu surpris. L’expérience aura lieu à la rentrée prochaine dans trois lycées de la région Rhône-Alpes et n’est qu’un exemple de plus des applicationsde la téléprésence, quand un avatar robotisé prend la place d’un humain absent pour lui permettre d’échanger avec d’autres personnes. Fabriqué aux États-Unis par Anybots, ce robot utilise une plateforme logicielle de téléprésence mise au point par l’entreprise française Awabot, créée par Bruno Bonnell, laquelle distribue également Beam Pro, deSuitable Technologies, qui sera exposé à Innorobo.
Adam voit, entend, comprend et se déplace sur ses roulettes. Il observe le comportement de ses maîtres, tente d'en repérer les habitudes, commande par Wi-Fi n'importe quel appareil et peut aller chercher quelqu'un dans une autre pièce.
Adam voit, entend, comprend et se déplace sur ses roulettes. Il observe le comportement de ses maîtres, tente d'en repérer les habitudes, commande par Wi-Fi n'importe quel appareil et peut aller chercher quelqu'un dans une autre pièce. © Hands Technology

Des assistants attentionnés

Bien qu’ils soient commandés à distance par la personne absente, ces engins sont bien des robots, qui assurent une certaine autonomie dans leurs déplacements, dans la perception de leur environnement et dans la détection des Homo sapiens présents autour d’eux. Cette interaction avec les humains a conduit à mettre au point des robots anthropoïdes, pour mieux s’insérer parmi eux et pour utiliser les mêmes objets (portes, boutons, outils, robinets, etc.). L’assistance aux personnes, valides ou pas, est un des grands axes de recherche actuels de la robotique, initié au Japon il y a plusieurs années.
En France, on attend Romeo, promis depuis des années et qui devrait être montré à Innorobo. Fabriqué par Aldebaran Robotics, il ressemblera sans doute à Nao, petit humanoïde qui sert de plateforme de développement pour les ingénieurs et est déjà utilisé dans 900 laboratoires ou écoles. Avec ses 140 cm, Romeo est conçu comme un assistant pour personnes âgées ou dépendantes. Ces petits bonshommes semblent se multiplier aujourd'hui, l'Inria montre son projet Poppy, un robot en open source et à fabriquer avec une imprimante 3D, comme son collègue d'InMoov.
Le gain en autonomie des robots obtenu depuis quelques années indique bien de quoi ils seront capables demain. Aux États-Unis, la Darpa (l’agence qui finance des organismes de recherche sur le budget du département de la Défense) a organisé de fameux concours de voitures autonomes pour de véritables compétitions. Les deux premières éditions, en 2004 et 2005, ont eu lieu dans le désert de Mojave (les Darpa Grand Challenges) et la troisième en 2007 dans une ville simulée (le Darpa Urban Challenge). Mais ces compétitions sont terminées depuis longtemps, puisque les voitures autonomes commencent déjà à devenir réalité.
Valkyrie, le robot humanoïde conçu par le Johnson Space Center, de la Nasa, pour participer au Darpa Robotics Challenge de décembre 2013. Il en était sûrement le compétiteur le plus esthétique, mais son score final est un humiliant zéro pointé. Pour l’Agence spatiale américaine, ce type de robots pourrait un jour être envoyé sur Mars pour préparer l’arrivée d’astronautes et les assister.
Valkyrie, le robot humanoïde conçu par le Johnson Space Center, de la Nasa, pour participer au Darpa Robotics Challenge de décembre 2013. Il en était sûrement le compétiteur le plus esthétique, mais son score final est un humiliant zéro pointé. Pour l’Agence spatiale américaine, ce type de robots pourrait un jour être envoyé sur Mars pour préparer l’arrivée d’astronautes et les assister. © IEEE Spectrum, YouTube

Les robots à deux ou quatre pattes

Après les robots à roues, la Darpa finance aujourd’hui des machines à pattes. En décembre 2013 s’est déroulée la première manche de cette compétition, Le Darpa Robotics Challenge, dédiée aux engins de secours. Humanoïdes ou quadrupèdes, ces robots sont mis au défi de démontrer leur savoir-faire pour intervenir sur des lieux dévastés. Ils doivent escalader des gravats, grimper sur une échelle ou des escaliers, défoncer des portes, faire une ouverture dans un mur, conduire un véhicule ou brancher un tuyau de lance à incendie. À chaque difficulté vaincue, le robot et son équipe gagnent un ou plusieurs points. Le vainqueur de ce premier match est HRP-2, un robot créé par Shaft. Cette entreprise japonaise a été fondée par des chercheurs du laboratoire Jouhou System Kougaku, de l’université de Tokyo, où ont été conçus les bras et les jambes de HRP-2, qui lui confèrent notamment une stabilité exceptionnelle.
Après les voitures qui n’ont plus besoin de conducteurs, les prochains en vogue seront probablement ces machines ressemblant à des humains ou à des animaux qui interviendront après un séisme, un éboulement ou une catastrophe industrielle pour rechercher les victimes, fermer des vannes ou sécuriser des passages pour les sauveteurs humains. On imagine ce que de tels robots auraient pu faire à Tchernobyl ou à Fukushima… Après les laboratoires publics et les start-ups, les grandes entreprises sont désormais lancées sur la piste de ce futur marché. Google, qui avait déjà investi dans la voiture autonome, est présent depuis plusieurs années en robotique, ce qui s’est remarqué à la compétition de la Darpa. L’entreprise s’est en effet offert Shaft (avant le concours) mais aussi Boston Dynamics, qui a conçu un robot dénommé Atlas, lequel a servi de base à 7 des 16 compétiteurs du Darpa Robotics Challenge.
Le robot vainqueur du Darpa Robotics Challenge, réalisé par Shaft, sur la base de son HRP-2. Ses performances sont peu visibles sur une image : elles tiennent dans ses actuateurs, qui génèrent les mouvements à la manière de nos muscles. Ils sont particulièrement efficaces, donnant à ce robot une bonne stabilité.
Le robot vainqueur du Darpa Robotics Challenge, réalisé par Shaft, sur la base de son HRP-2. Ses performances sont peu visibles sur une image : elles tiennent dans ses actuateurs, qui génèrent les mouvements à la manière de nos muscles. Ils sont particulièrement efficaces, donnant à ce robot une bonne stabilité. © Schaft

Jusqu'où iront-ils ?

Certains veulent faire de la robotique un rouage de la révolution technologique en marche. Selon le McKinsey Global Institute, elle fait partie des 12 « technologies de rupture » qui sont sur le point de changer le monde. C’est aussi l’avis des adeptes dutranshumanisme, concept né dans les années 1950 aux États-Unis, qui voient arriver une rupture définitive de l’histoire de l’humanité où l’Homme se transformerait lui-même. Cette vision presque apocalyptique s’appuie sur la convergence dite « NBIC » de plusieurs technologies : les nanotechnologies (N), la biologie (B), l'informatique (I) et les sciences cognitives (C). Les plus enthousiastes imaginent un point de rupture, moment de bascule, une « singularité ». Parmi eux figure Ray Kurzweil, qui dirige la Singularity University et qui a été engagé… par Google, dont les fondateurs sont eux aussi des convaincus du transhumanisme.
Voilà les robots prenant un visage un peu inquiétant d’envahisseurs, voire de remplaçants. Mais avant cela, ils nous serviront à table, conduiront des voitures et viendront nous chercher sous les décombres.

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