jeudi 20 mars 2014

Crypto-monnaies : quel accueil et quel écosystème en France ?

A lire sur: http://www.pcinpact.com/news/86387-crypto-monnaies-quel-accueil-et-quel-ecosysteme-en-france.htm

Et PC INpact ? Qui sait...

Depuis l'arrivée de Bitcoin, et plus spécialement depuis quelques mois, la question des crypto-monnaies fait débat, notamment en France. Audiences au Sénat, réaction de Pierre Moscovici, députésqui envisagent leur interdiction pure et simple, la position française se cherche et l'écosystème peine à se mettre en place. Et si du côté des utilisateurs les choses sont bien différentes, qu'en est-il des services proposant du paiement en ligne ?
De ceux qui estiment que les crypto-monnaies ne sont qu'un schéma de Ponzi ou une cavalerie, à ceux qui y voient une révolution totale de notre relation à l'argent et au paiement en ligne, tous s'accordent en général sur le fait que l'arrivée de Bitcoin a changé la donne, et incite à réfléchir sur la question des échanges monétaires ainsi que le rôle des états et des banques en la matière.

La lourdeur et l'incompatibilité des solutions de paiement face aux crypto-monnaies

Même si nous n'étions là que face à un effet de mode passager, que penser des plateformes de paiement par SMS, NFC et autres Buyster / Paylib, incompatibles les uns avec les autres, demandant des années à mettre en place, alors que Bitcoin a montré qu'il était possible de gérer des échanges entre individus de manière sécurisée et efficace, ringardisant à la fois ces systèmes et notre bonne vieille carte bleue. Certains l'ont bien compris, et à travers le monde, tout un écosystème commence à se mettre en place. 

Transfert par SMS Société Générale
Crédit : Société Générale - Le transfert par SMS... so 2014

Blockchain, un site bien connu des adeptes de Bitcoinvient ainsi de lancer une application pour Androidpermettant simplement à un commerce de facturer des biens à ses clients. Une initiative parmi des centaines qui tendent à simplifier l'utilisation des crypto-monnaies en général et de Bitcoin en particulier, avec une direction claire : permettre l'exploitation de cette unité de compte dans « la vraie vie », au quotidien, pour le plus grand nombre.

L'utilisation des crypto-monnaies se répand... à l'étranger

C'est ainsi qu'outre des magasins en ligne américains n'acceptant que le Bitcoin comme monnaie, des services comme Coinbase proposent déjà à des sites comme le Humble Bundle, Reddit, TechCrunch ou encore Overstock d'accepter simplement des paiements en Bitcoin, un peu à la manière de Paypal. Vous indiquez un montant dans votre monnaie, l'utilisateur clique sur un bouton et règle en Bitcoin, vous récupérez le montant dans votre monnaie. Un système qui a même séduit Pounce, un service de paiement mobile simplifié notamment utilisé par Toys R Us, Best Buy ou encore Lord & Taylor.

Il en est de même pour les distributeurs de billets qui fleurissent un peu partout dans le monde, ou les sites qui vous proposent de changer vos crypto-monnaies contre des cartes cadeau chez Amazon ou des codes pour des achats dématérialisés sur Steam ou le Xbox Live, avec à la clé une marge confortable pour eux. On apprend même que des hôtels londoniens commencent à accepter les réservations en bitcoins, alors que le pays a récemment clarifié sa position sur le sujet.

Mais si l'on note une grosse activité sur ce terrain dans de nombreux pays, la France semble ici à la traine, alors même que Fleur Pellerin vantait la French Tech ces derniers jours au SXSW d'Austin. Le site officiel de l'initiative semble d'ailleurs ne pas connaître Bitcoin. De son côté, le PDG de Paymium, une plateforme d'échange qui veut aussi devenir à terme un intermédiaire de paiement, se félicitait mais regrettait à la fois d'être l'un des rares acteurs du genre chez nous lors de son audition au Sénat en janvier dernier. Un sentiment partagé par le responsable du siteBitcoinomie, à son retour de la conférence Inside Bitcoins qui se tenait à Berlin il y a un mois :


Pour autant, les premières rencontres autour de la question des crypto-monnaies commencent à s'organiser, les premiers commerces locaux ou en ligne tentent leur chance. Mais un écosystème ne peut réellement se développer sans un besoin plus généralisé. Et si nous avons pu constater chez nos lecteurs une demande d'information croissante sur la question des crypto-monnaies, certains les utilisant déjà depuis de nombreux mois, qu'en est-il de ceux qui sont destinés à leur donner une réelle importance dans notre vie quotidienne : ceux qui proposent des paiements en ligne.

Bitcoin déjà utilisé pour le financement participatif et l'achat de biens en ligne

Nous avons pour le moment noté deux secteurs où les initiatives avaient tendance à  se multiplier à l'étranger : la vente en ligne de biens technologiques, et les plateformes de financement participatif. Car dans ce dernier cas, si les grands noms du secteur n'ont pour le moment rien mis en place, on note déjà quelques sites dédiés au soutien de projets par la foule, via une monnaie « créée et minée par la foule ». Les créateurs des monnaies ont eux-mêmes mis en place des fondations permettant de soutenir des projets.

Nous avons déjà évoqué le cas de l'équipe olympique de Bobsleigh de de Jamaïque qui avait été financée par les adeptes du Dogecoin, cette blague qui est de plus en plus prise au sérieux malgré un cours en chute libre ces dernières heures, mais ce n'est pas le seul. La Dogecoin Foundation a en effet décidé de sponsoriser Doge 4 Waterqui a pour but de lever 40 000 000 de dogecoins (près de 30 000 $ au cours actuel) d'ici au 22 mars afin de financer une action commune avec Action contre la faim et Charity:water afin de mettre en place des puits et des équipements afin de récupérer et de stocker de l'eau à des habitants de l'est du Kenya. Près de la moitié du chemin a déjà été effectuée.

Doge4Water

Les revendeurs français ne misent pas vraiment sur les crypto-monnaies

Nous avons donc décidé de contacter plusieurs acteurs de ces deux marchés afin de connaître leur position actuelle vis-à-vis des crypto-monnaies, leur éventuelle volonté de les exploiter et de les proposer comme alternatives à leurs clients / utilisateurs. Et autant dire que du côté des revendeurs, même sur le terrain des nouvelles technologies, rien ne semble prévu. C'est ce que nous a clairement annoncé Rue du commerce, mais aussi Materiel.net qui a été un peu plus précis : 

« Nous gardons certes les yeux bien ouverts sur le phénomène car il est très intéressant, à but professionnel ou non. Mais avant de pouvoir proposer un jour ce type de monnaie, il y a beaucoup d'étapes et pour le moment, nous observons. 

Rappelons que nous proposons déjà de nombreux moyens de paiement, plutôt classiques, et leur compréhension n'est pas optimale pour tout le monde. Les crypto-monnaies nécessiteront, outre la mise en place technique et "administrative", une vraie approche didactique. Leur disponibilité pour le grand public, c'est-à-dire pour une grande majorité de nos clients, n'est donc pas pour tout de suite. » 

LDLC, qui propose pourtant des produits qui visent spécialement les adeptes du minage comme la carte mère H81 Pro BTC d'ASRock ne nous a pour le moment pas répondu. De son côté, la Fnac qui est le seul revendeur généraliste à nous avoir pour le moment livré son point de vue nous confirme que rien n'est prévu pour le moment : « à court terme, nous n’allons pas déployer de systèmes de paiement en crypto-devise. Nous avons d’autres chantiers sur le paiement et la monétique plus prioritaires à date, sur lesquels nous nous concentrons. »

Des plateformes de financement participatif un peu plus attentives

Pour ce qui est des plateformes de crowdfunding, si My Major Company ne nous a pas encore répondu, le son de cloche est du même genre, mais nos interlocuteurs semblent au moins s'être déjà penchés sur la question. Pour Ulule, qui « s'intéresse au sujet » et nous avoue sa passion des nouveaux usages, il est sans doute encore trop tôt et l'on se contente de surveiller les choses pour l'instant. Du côté de Kiss Kiss Bank Bank où l'on nous indique réfléchir à cela depuis un certain temps, et avoir une équipe d'ingénieurs très motivés par le sujet, le but est là encore d'y aller dans la douceur, notamment en raison de certaines problématiques.

Vincent Ricordeau, co-fondateur de la plateforme évoque notamment la question de la volatilité de la monnaie, qui peut poser problème lorsqu'il s'agit d'accepter la participation d'un membre, qui ne lui sera facturé qu'une fois le projet financé. En cas de grosse variation, quel montant faudra-t-il facturer ? Il pense aussi que c'est l'acceptation descrypto-monnaies de manière générale qui doit faire débat, et non pas celle du bitcoin en particulier, et que c'est dans cette direction que les choses vont aller, avant de conclure : « C'est le côté disruptif de ces monnaies qui nous passionne »

BitcoinStarter
BitcoinStarter : une simple idée folle ou le début d'une nouvelle tendance ?

Un train de plus n'est-il pas en train de nous passer devant les yeux ?

Car c'est bien là toute la question. Le nouveau Paypal est-il en train de naître sous nos yeux ? Parmi les centaines de sociétés qui misent sur cette technologie, trouvera-t-on les milliardaires de demain qui avaient eu la bonne vision des choses au bon moment ? Si c'est bien le cas, espérons que, contrairement à ce qui a été fait à l'époque de PayPal justement, la France et l'écosystème des sociétés françaises n'attendront pas de (trop) nombreuses années pour sauter le pas à leur tour.

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