dimanche 16 mars 2014

Internet des objets : connecter, ce n'est pas innover

A lire sur: http://www.usinenouvelle.com/article/internet-des-objets-connecter-ce-n-est-pas-innover.N235358#xtor=EPR-192

Par  - Publié le  | L'Usine Nouvelle n° 3362

Thibaut de Jaegher

© Pascal Guittet - L'Usine Nouvelle
Avec la vague des technologies numériques, on pourrait penser que pour être innovant, il suffit de se connecter. Ce n'est évidemment pas suffisant.
En relisant à froid le flot d’informations sur les objets connectés mis à l’honneur lors du Consumer electronics show (CES) de Las Vegas, on pourrait avoir le sentiment qu’il suffit de connecter n’importe quel objet pour le rendre innovant. De la brosse à dents à l’automobile, en passant par les baromètres et les balances, les visiteurs du grand salon de l’électronique américain ont en effet découvert une multitude d’objets « intelligents » permettant de mesurer ses performances, de retracer sa journée… Comment ? En captant les données qu’ils produisent presque sans le savoir… Il ne suffit pourtant pas de mettre un capteur et un émetteur Bluetooth ou Wi-Fi sur ces produits pour les rendre plus intelligents ou plus efficaces. On pourrait même affirmer que c’est l’archétype de la fausse bonne idée. Penser que le capteur seul crée l’usage est une erreur. C’est l’usage, ou plus exactement les limites de cet usage (faute d’informations poussées), qui suscite le besoin de capteurs. Il faut d’abord imaginer (j’allais écrire rêver…) le potentiel d’un produit pour le mettre au point ensuite.
Connecter ces produits n’est donc pas seulement un travail de conception. Ce n’est pas uniquement un projet d’ingénieurs qui consisterait à intégrer des composants électroniques dans des éléments mécaniques. Non, pour rendre « smart » ces objets, il faut dépasser la question technologique. Il faut penser beaucoup plus largement leur vocation, à la manière de ce qu’Apple a initié avec l’iPhone. Au passage, ce qui a rendu « smart » nos téléphones, ce ne sont ni leur écran Retina, ni leur puissance de calcul. Mais bien leur écosystème, et notamment toutes les applications (comprendre fonctionnalités) que l’on peut y greffer très facilement. Ce champ des possibles a fait de nos téléphones mobiles de véritables petits ordinateurs de poche polyvalents.
En prenant cette clé de lecture, bon nombre d’innovations présentées au dernier CES sont assez décevantes. Malgré tout le buzz qu’elles ont suscité (souvent par amusement, ne nous y trompons pas), ces objets connectés ne dépasseront pas le stade du prototype. Tout simplement parce que leurs concepteurs ont oublié que connecter ne rimait pas forcément avec innover.

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