jeudi 5 juin 2014

Les juteux défis de l'Internet pour tous

A lire sur: http://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/0203528741746-les-juteux-defis-de-l-internet-pour-tous-674694.php

Les Echos | 
Le futur internaute mobile des pays en voie de développement est la source de toutes les convoitises. Mais lui offrir une connexion à un coût supportable pour son pouvoir d'achat prendra du temps. Certes, déjà plus de 2 milliards de Terriens ont déjà fait de l'Internet mobile leur pain quotidien. C'est donc vers les 5 autres milliards d'habitants que se concentrent toutes les attentions. A l'évidence, Google et Facebook, forts de leurs ressources financières quasi illimitées, ont choisi d'aborder de façon globale le sujet, tellement intéressés par ces nouvelles cibles publicitaires et les services en ligne spécifiques à leur vendre. La firme de Mountain View prévoit ainsi de déployer des ballons à très haute altitude qui diffuseront un signal capable « d'arroser » la totalité des territoires non encore dotés de réseaux sans fil à haut débit (wifi, 3/4/5G), soit 85 % de la planète environ. Son voisin de Menlo Park a choisi les drones pour parvenir au même résultat.

Mais l'initiative présentée par Mark Zuckerberg, lui-même, dans le cadre de son projet Internet.org, montre qu'il lui faudra déployer 11.000 de ces drones, à un coût unitaire de 2 millions de dollars, pour parvenir au résultat. Soit un coût de déploiement de 22 milliards de dollars, sans compter les frais d'exploitation. Autant dire qu'un tel réseau ne sera pas opérationnel demain.
Si cette stratégie de desserte globale n'apparaît donc pas comme une solution de court terme, reste l'approche « de terrain ». Là encore, Facebook joue les précurseurs. Par exemple en collaborant avec la start-up indienne U2opia Mobile, pour fournir localement une version purement alphanumérique de son célèbre service, dont seules les fonctions de base sont disponibles.
Mais il n'y a pas que Facebook pour préparer les solutions de demain. Une start-up de la Silicon Valley, Range Networks, s'appuyant sur un programme scientifique d'étudiants de l'université de Berkeley, a choisi une approche particulièrement originale. Ainsi, les étudiants de Berkeley ont conçu une « tour » capable de relayer un signal numérique d'une portée limitée mais pour un très faible coût de revient. Range Networks a développé l'architecture logicielle qui s'adapte à cette tour et à ce signal. Le tout vient d'être déployé dans un petit village de Papouasie occidentale : les 1.500 habitants peuvent désormais surfer sur le Net au milieu de la jungle, quasi gratuitement. La start-up californienne voit bien sûr plus grand et cherche maintenant à développer cette solution partout dans le monde, du moins là où sont encore disponibles des fréquences à accès gratuit que sa technologie peut utiliser.
Entre l'approche « par le haut » et celle « par le bas », il en existe une troisième, celle des opérateurs mobiles qui veulent, eux aussi, élargir les services proposés à leur base installée et conquérir de nouveaux abonnés. Certains d'entre eux vont être aidés par de grandes firmes multinationales qui ont, elles aussi, intérêt à conquérir de nouveaux clients. Par exemple, Unilever travaille déjà avec Facebook. L'un des représentants de son fonds d'investissement corporate, à San Francisco, explique le grand intérêt de la firme pour faire mieux connaître son nouveau savon antibactérien en Asie, afin de limiter la propagation des infections. Outre Facebook, le fonds d'Unilever s'intéresse donc aux nouvelles technologies de l'Internet mobile pour accéder à ces nouveaux consommateurs des pays émergents. Il n'est pas le seul.
Michel Kitareff

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